identité
paysagère

La plaine de la Crau est une unité paysagère unique au département des Bouches-du-Rhône mais aussi pour le territoire national.

Dimensions
34 km d'est en ouest et 21 km du nord au sud.
Altitude maximale
110 m canal de Craponne à Eyguières
Altitude minimale
0 m, marais de Vigueirat
Superficie
565 km²
Population
130 968 habitants
(Insee 12/2020)
Relief
plaine alluviale

Delta fossile de la Durance, elle est l’unique plaine steppique de France et d’Europe. Elle accueille une biodiversité riche et rare à l’image de sa particularité géologique.

Le sous-sol et l’exploitation de ces terres par l’Homme ont construit des paysages qui s’organisent en trois grands ensembles et le maintien de l’un dépend du fonctionnement des deux autres :

  • La Crau verte
  • La Crau sèche
  • La Crau des marais.

Au nord de l’unité paysagère, la Crau verte est le paysage des hommes, celui des vergers et oliveraies que des haies de peupliers et de cyprès protègent du mistral. À ce maillage se superpose celui des canaux nécessaires à l’irrigation des cultures. C’est une trame régulière à laquelle s’ajoutent les cordons ripicoles des canaux et les longs alignements de platanes des bords des routes.

Au centre, la Crau sèche déroule ses paysages de coussouls, milieux steppiques fragiles inféodés aux pratiques millénaires du pastoralisme.

Enfin, à la lisière du delta rhodanien, des marais se succèdent avec leurs paysages de roselières.

L’organisation urbaine de la plaine de la Crau est associée à l’activité industrielle du littoral. Les villes, à l’origine villages médiévaux, de Miramas, Istres et Salon-de-Provence se sont développées pour accueillir les populations ouvrières du bassin industriel de Fos ou de l’activité ferroviaire de Miramas.

Aujourd’hui, les modes de production et de consommation ont évolué ; la désindustrialisation et la délocalisation d’une part et la mondialisation des chaînes de production d’autre part ont fait surgir sur les espaces plats de cette plaine des plateformes logistiques et leurs gigantesques volumes parallélépipédiques. Le pôle ferroviaire de Miramas, l’autoroute A54 portion de l’Arc Méditerranéen et le Grand Port Maritime de Marseille à Port-Saint-Louis-du-Rhône, ont placé la plaine de la Crau au cœur d’un pôle d’échanges international.

Communes

Istres
Miramas
Saint-Martin-de-Crau
Salon-de-Provence
Partiellement
Arles, Aureille, Eyguières, Fos-sur-mer, Grans, Lamanon

Premières impressions

Une impression d’infini sous le soleil de plomb d’un ciel immense ou balayé par le vent qu’aucun obstacle n’arrête. Le regard est capté dans le lointain par le liseré d’une ligne d’arbres et plus loin encore par la barre bleutée des Alpilles. Un paysage excessivement rare dans nos contrées, aux splendeurs discrètes, cachées, éphémères. Cet espace exalte un imaginaire de liberté, mais c’est un espace rude n’offrant aucune protection contre les éléments, étouffant l’été et glacé sous le mistral l’hiver. Les galets roulent sous le pas. Seuls les moutons semblent habiter les lieux. Dans un camaïeu d’ocre jaune et de gris, leur masse mouvante migre des pâturages rares et secs du coussoul steppique aux prés humides du nord abrités par quelques cyprès ou peupliers brise-vent. En Crau, l’Homme a amené l’eau. Le bocage cultivé a pris la place du coussoul et le paysage ouvert s’est transformé en plaine arborée et fermée par les trames parallèles des haies et des vergers. Paysages contrastés, paysages en mutation. À l’est et au nord-ouest, les villes proches grignotent les franges du terroir. Masses grises et noires, cheminées et fumées annoncent les industries vers la mer. Lieu exceptionnel, mémoire de nature et mémoire d’une société, lieu d’une culture, d’un patrimoine, modèle d’équilibre ancien entre l’homme et le milieu.

 

Regards sur la plaine de la Crau

Les peintres, les photographes : Vincent Van Gogh, Paul Gauguin, Paul Guigou et les maîtres paysagistes provençaux, ainsi que plus près de nous les photographes comme Clergue magnifient ces espaces. « Ici, la nature est extraordinairement belle. Tout et partout la coupole du ciel est d’un bleu admirable, le soleil a un rayonnement de soufre pâle, et c’est doux et charmant comme la combinaison des bleus célestes et des jaunes dans les Van der Meer de Delf… » Vincent Van Gogh, 1888, Lettre à Théo. La Crau aux environs d’Arles est l’un des lieux privilégiés de l’artiste qui retrouve dans l’horizontal des lignes un peu de sa Hollande. Ces paysages ont nourri l’imaginaire provençal : une étymologie grecque : le “Cranaon Pedion” des Massaliotes, cité par Aristote et Strabon, aurait donné “Crau”. Une légende mythologique attribue la création de la Crau au combat des Géants et des Dieux au cours duquel Zeus, pour venir en aide à Héraclès, fait pleuvoir sur les gardiens du Jardin des Hespérides une pluie de galets. Le mythe de ce “désert” est exalté par Frédéric Mistral dans Mireille.

Couleurs de l'unité

Gris, ocre et jaune des sols et des pelouses ; ocre des enduits et des murs de galets ; bleu des cieux et des étangs ; vert sombre des cyprès, des chênaies et des pinèdes ; vert tendre des peupliers et des aulnes ; gris verts de la garrigue

sous-unités
paysagères

Les sous-unités paysagères individualisent des paysages qui composent une unité paysagère et font valoir des spécificités au sein de l’unité.

Le travail de révision des unités paysagères engagé dans cette actualisation a considéré les marais des Baux comme unité paysagère à part entière.

structureS
paysagèreS

Un paysage agraire marqué par les linéaires végétaux

En Crau irriguée, la “Crau à foin”, la trame des grands canaux (Craponne, Istres, Alpines, Vergière, Langlade) est soulignée par une végétation riveraine où dominent peupliers et aulnes. Ce réseau se ramifie en petits canaux, les filioles, bordés de cannes de Provence et de feuillus.

Dans la Crau à foin et le secteur maraîcher de Salon-de-Provence, de Bel-Air et de Lamanon, les haies de peupliers, les aulnes et les cyprès protègent un parcellaire d’échelle réduite.

Le développement d’une arboriculture intensive a bouleversé le paysage des coussouls et détruit les milieux dans les secteurs ouest de la plaine. Une trame fermée de haies de peupliers abrite les champs d’abricotiers et de pêchers, forte consommatrice d’eau.

Au contact avec la Crau bocagère, les alignements le long des routes se multiplient : cyprès pour la RN113, platanes pour les RD5 et RD24. Les allées magnifiques de pins d’Alep ou de platanes soulignent l’entrée des domaines. Les mas sont également signalés par leur traditionnel bosquet d’accompagnement.

 

Un paysage bâti diffus au cœur de la plaine

La Crau est terre de grandes propriétés, mas et domaines (Jansonne, Villepail, Bellan, Vegière, Suffren…) souvent implantés entre terroirs secs et irrigués au cœur d’unités foncières de plus de 100 ha.

L’architecture très typée des bergeries – les jasses – est propre à la Crau. Ce sont de longs bâtiments bas comme tapis au ras du sol, au toit pentu orienté est-ouest pour offrir un espace au sud protégé du mistral. Les murs sont en galets, appareillés en chevrons ou de pisé enduit (le tàpi). La pierre calcaire taillée encadre les baies. Les toits sont couverts de tuiles rondes. A proximité se trouvent les puits et les aires de regroupement des moutons, les « relarg ».

Le cœur de la Crau est “désert”. Les villes et les villages, les activités non agricoles se sont installés dans les franges de l’unité : Salon-de-Provence est en piémont du massif d’Aurons. Grans, Miramas et Istres sont en limite du bassin de l’étang de Berre. Arles se situe à l’écart sur les rives du Rhône. Les villages – Mouriès, Eyguières, Lamanon, Maussane, Paradou – s’égrènent en piémont des Alpilles, chacun ayant sa part de Crau.

Saint-Martin-de-Crau se distingue par son implantation au cœur de la plaine, témoin d’une colonisation ancienne liée au canal de Craponne. L’axe principal de transit est-ouest, avec la RN113 et l’autoroute A54, correspond au tracé de la voie Aurélienne et passe par Saint-Martin-de-Crau.

De nombreux hameaux regroupent un habitat populaire lié aux activités agricoles ou industrielles, à proximité des voies de communication : Bel-Air, Péséguier, Entressen, La Dynamite, Moulès, Caphan, Raphèle-les-Arles…

Les infrastructures industrielles et les réseaux marquent profondément le paysage sur les franges urbaines mais également à l’intérieur de l’unité de paysage.

caractérisation
paysagère

La couverture végétale 2006 La couverture végétale  2018

• focus sur les milieux naturels

D’un point de vue de la biodiversité, la plaine de la Crau est un milieu exceptionnel qui présente plusieurs faciès :

  • La Crau sèche, considérée comme le dernier milieu steppique de France qui offre encore de vastes surfaces de pelouse très spécifique : le coussoul de Crau.
  • La Crau humide, constituée de zone de marais essentiellement d’eau douce, à la flore remarquable.
  • La Crau irriguée, moins riche écologiquement mais indispensable à la recharge de la nappe.

 

La Crau sèche – le Coussoul

La Crau sèche constitue une vaste plaine (8 900 hectares) couverte d’une steppe semi-aride méditerranéenne, appelée le coussoul. Ce milieu est d’une grande richesse en espèces végétales puisqu’on y trouve jusqu’à 50 espèces de plantes vasculaires au mètre carré. Il constitue par ailleurs un mélange original d’espèces silicoles et calcicoles. Cela est dû à son sol, ancien delta de la Durance, composé de toutes les roches prélevées par la rivière lors de son parcours en montagne et étalées à perte de vue dans la plaine sous forme de galets.

Les espèces les plus courantes, caractérisant le coussoul, sont le brachypode rameux (Brachipodium retusum), le thym (Thymus vulgaris), le stipe capillaire (Stipa capillata) et l’asphodèle d’Ayard (Asphoelus ayardii).

Sur la Crau sèche, d’autres types de milieux, plus marginaux, apparaissent quelquefois :

  • Les « tonsures » : zones sans galets et riches en espèces annuelles,
  • Les friches sèches, liées à des dégradations du coussoul,
  • Les chênaies à chênes verts (Quercus ilex), lorsque l’absence de pâturage permet le développement d’une végétation arborée. Ces chênaies sont présentes en petits îlots à travers la Crau. Elles forment également un très vaste ensemble, à l’ouest, entre Coussoul et marais, dans la Coustière de Crau, où la nappe phréatique affleure.

Le coussoul a été façonné par l’usage plurimillénaire du pâturage ovin. Cette activité pastorale est indispensable à son maintien et, en son absence, le coussoul disparaît. La formation de ce milieu s’est faite selon un processus extrêmement lent. Il est très fragile puisque des perturbations constatées à ce jour datent de l’époque romaine et sont encore visibles dans les compositions floristiques du coussoul. C’est pourquoi les perturbations actuelles (arboriculture, activités industrielles, pollution par fuite d’oléoduc, …) peuvent être considérées comme irrémédiables.

Ces caractéristiques steppiques sont aussi favorables à des espèces animales à affinités steppiques et à forte valeurs patrimoniale : outarde canepetière (Tetrax tetrax), ganga cata (Pterocles alchata), œdicnème criard (Burhinus oedicnemus)… Le criquet de Crau, (Prionotropis rhodanica), endémique de la Crau est en danger critique d’extinction. La Crau héberge également la plus importante population française de lézard ocellé (Timon lepidus).

Le coussoul est un lieu d’hivernage pour les jeunes aigles de Bonelli non encore reproducteurs. Enfin, il est parsemé de puits pour abreuver le bétail. Ces puits sont des îlots humides renfermant des fougères rares, voire très rares pour le département : scolopendre sagittée (Asplenium sagittatum), fougère mâle (Dryopteris filix-mas) et plusieurs polystic (Polystichum setiferum, P. aculeatum, P. x bicknellii)

 

La Crau humide – les marais de Crau

Dans la partie ouest de la Crau apparaissent plusieurs entités marécageuses possédant chacune des caractéristiques propres :

  • Les marais du sud-ouest Crau. Ces marais sont situés entre le delta du Rhône et la Crau depuis le Mas-Thibert jusqu’aux darses du complexe industrialo-portuaire de Fos. Il s’agit d’une multitude de marais dont les principaux sont ceux du Nord au Sud : Capeau, Icard, les Trinitaires, Bondoux, le Coucou, le Tonkin et l’Audience.
  • Les marais de Raphèle-les-Arles, au sud du hameau, regroupant le marais des Chanoines et le marais de Meyranne. Alimentés par la nappe de Crau, ils sont toutefois en partie salés à l’ouest du marais de Meyranne et offrent des étendues « paratourbeuses » (zones tourbeuses en voie de formation)  remarquables au niveau du marais des Chanoines.

L’ensemble de ces marais est alimenté par la nappe de Crau, elle-même alimentée par les canaux assurant l’irrigation de la Crau verte depuis la Durance (75% de l’eau d’irrigation serait restituée à la nappe). Les précipitations constitueraient un complément secondaire pour la nappe (25%). Dans ces marais, l’eau ressort par des résurgences, appelées des « laurons ». L’eau de ces résurgences est froide (entre 12 et 13°C toute l’année, avec toutefois des augmentations observées récemment probablement en raison d’un réchauffement général).

Globalement ces marais présentent l’intérêt d’offrir une flore tempérée fraiche. Ainsi au niveau des laurons est observé un cortège de plantes rares sur le pourtour méditerranéen dont certaines sont considérées comme étant des reliques glaciaires : fougère des marais (Thelypteris palustris), gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe), grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica). En ce qui concerne la faune également, on y trouve des invertébrés aquatiques d’origine paléarctique et boréoalpine exceptionnels pour la région.

L’intérêt de ces marais réside dans la présence d’espèces devenues rares comme la cistude d’Europe (Emys orbicularis) et surtout de la loutre (Lutra lutra). Autrefois courante, des indices trouvés récemment semblent confirmer sa présence dans le marais du Vigueirat.
Enfin, aux abords des marais, s’étendent des prairies humides méditerranéennes. Ces prairies sont très riches en espèces patrimoniales : orchis des marais (Anacamptis palustris), séneçon des marais (Jacobaea paludosa). Leur maintien est assuré par un pâturage extensif essentiellement équin et bovin.

 

La Crau irriguée ou Crau verte

Il s’agit d’une partie de la Crau sèche qui a fait l’objet d’aménagement d’irrigation (canaux) à partir du XVIe siècle pour y développer des prairies de fauche. Ces prairies produisent aujourd’hui un foin d’exception, bénéficiant d’une AOP. Même si ces prairies artificielles sont d’un faible intérêt botanique, elles font partie d’un système agricole complet. En permettant un pâturage d’automne, elles assurent la pérennisation de l’activité pastorale indispensable au maintien du coussoul.

Par ailleurs, l’irrigation de la Crau verte par un vaste réseau gravitaire de canaux permet la réalimentation de la nappe de Crau qui se déverse dans les marais, apport indispensable à leur fonctionnement. Enfin, la Crau verte renferme plusieurs étangs (étangs des Aulnes, du Luquier et d’Entressen) qui constituent des plans d’eau douce de niveau constant bordés de végétation typique des ripisylves (frênes, peupliers). Ces étangs sont généralement colonisés par des herbiers aquatiques et des roselières.

Leurs abords entre Crau sèche et Crau verte offrent souvent des mares temporaires accueillant de nombreuses espèces très rares : seule station française de germandrée de Crau (Teucrium aristatum) présente autour de la mare de Lanau, et seules stations départementales de menthe des cerfs (Mentha cervina)…

Les atouts et fragilités posent les bases des enjeux et des pistes d’actions. Il s’agit de mettre en avant tel composant de paysage ou telle structure dont les transformations pourraient porter atteinte à la qualité et à la valeur de l’unité paysagère.

• Les atouts

  • Un relief de plaine unique pour le département par son étendue.
  • Le coussoul, un écosystème unique en Europe, delta fossile de la Durance.
  • Terre principale de transhumance en Basse-Provence.
  • Les motifs paysagers nés de l’ingéniosité des hommes pour vivre et se nourrir dans ces milieux steppiques : canaux et haies brise-vent.
  • Les bourgs médiévaux fortifiés (Istres et Salon-de-Provence) et leur patrimoine architectural.

• Les fragilités

  • Des silhouettes villageoises qui s’effacent avec la diffusion de l’habitat en périphérie des noyaux historiques.
  • Les zones d’activités logistiques porteuses d’emplois mais dévalorisantes pour les paysages profitant d’un réseau d’axes de déplacements et d’échanges fourni : route, autoroute, voie ferrée et port.
  • Une pression de l’activité économique sur les espaces agricoles.
  • Des écosystèmes inféodés aux pratiques pastorales.
  • Des projets de grandes infrastructures routières.

• Carte des infrastructures

Le réseau viaire est marqué de longues portions parfaitement rectilignes. Les routes rayonnent depuis les centres historiques et composent la trame historique. La RD113 et l’A54 reprennent le tracé de la voie Aurélienne.

Dès le XIXe siècle, Miramas entre dans l’histoire ferroviaire et devient la gare de triage la plus importante du sud-est. Elle a construit l’histoire de la ville. Aujourd’hui la gare de Miramas tient toujours un rôle majeur dans le fret des marchandises.

Les activités portuaires et industrielles ont redessiné le schéma viaire afin de répondre aux besoins du fret : la RN568 traverse la Crau sèche depuis Fos-sur-Mer pour rejoindre l’A54 à Saint-Martin-de-Crau.

Les routes traversent les grandes étendues de la plaine, longs rubans linéaires entre les vergers ou les vastes prairies. Aux abords des villages, elles se parent d’alignements de platanes. Elles ont, pour les principales, des gabarits larges à la hauteur du trafic qu’elles supportent.

Si entre 2006 et 2021, le réseau viaire n’a pas évolué, des projets de barreaux routiers laissent présager des bouleversements à venir dans les paysages de la Crau mais également dans ses fonctionnements humains et écologiques.

Un projet prévoit une liaison Fos-sur-Mer/Salon-de-Provence. Le projet de contournement au sud d’Arles achèvera la liaison autoroutière de l’Arc Méditerranéen entre Barcelone et Gênes. Stratégiques pour l’économie locale et pour la qualité de vie des riverains de la RN113, ces projets portent des enjeux écologiques et paysagers importants.

La planéité du relief ne profite pas qu’aux infrastructures routières. Le vent et le soleil sont des ressources exploitées. Les éoliennes redessinent les horizons et plusieurs parcs photovoltaïques ont été aménagés, certains sur d’anciennes carrières. Il n’est pas ici question de co-visibilités mais les impacts sur les milieux en sont une. Ces installations ont hypothéqué des possibilités de renaturation quand nombre de sols cultivés ont été artificialisés par l’urbanisation.

Dynamiques
d'évolution

Les projets futurs identifiés en 2006,
qu'en est-il en 2021 ?

Le parc éolien de Saint-Martin-de-Crau : en service depuis 2008.

La plate-forme de Ventillon (en cours).

La plate-forme multimodale de Grans – Miramas (en cours), la ZAC du Negron à Istres (en cours), les projets liés aux activités militaires avec l’extension de la base d’Istres et des dépôts de munitions (non réalisés).

Les voies de contournement de Miramas (réalisée), de Saint-Martin-de-Crau (réalisée), d’Arles sud (en projet), et les liaisons autoroutières Fos-Miramas-Salon-de-Provence (A 56), en projet pour 2030.

Projet de dérivation vers le Rhône du canal EDF de Saint-Chamas : en suspens.

Le développement des zones d’activités de Saint-Martin-de-Crau, d’Istres, de Salon- Bel-Air : effectif.

Décharge d’Entressen : arrêt de son exploitation en 2010.

enjeux &
pistes d'action

Les évolutions constatées permettent d’établir les enjeux. Les enjeux sont les aspects des évolutions qui préoccupent les acteurs du territoire, les gestionnaires et/ou les populations.

La sensibilité visuelle

Le paysage largement ouvert de la Crau sèche des coussouls et ses magnifiques panoramas sur les lointains ont comme corollaire une forte sensibilité visuelle. Toute verticale créée par un aménagement développé en hauteur se répercute sur la composition et la perception visuelle des paysages. Les mutations agricoles (création de vergers encadrés de haies) peuvent être facteur de cloisonnement sinon de fermeture de l’espace. Le Guide Éolien PACA a inscrit :

  • En zone de sensibilité forte la Crau humide et les espaces périurbains à l’est : les parcs éoliens peuvent être cohérents avec le paysage sous réserve de mesures d’optimisation et d’accompagnement du projet.
  • En zone de sensibilité très forte la Crau sèche où la faisabilité d’un parc éolien est fonction d’un parti d’aménagement prenant en compte les enjeux paysagers de l’unité de paysage.
  • En zone de sensibilité majeure les secteurs des étangs : l’implantation de parcs éoliens est a priori incompatible avec ces espaces.

 

La sensibilité écologique

Les étendues steppiques qui fondent la spécificité et l’identité de la Crau sèche, donc son intérêt exceptionnel, sont issues du subtil équilibre entre la pratique pastorale et les conditions écologiques locales. La préservation de cet écosystème ne peut se concevoir qu’à condition de conserver des surfaces suffisantes pour que les espèces protégées puissent subsister en complémentarité avec l’élevage.

La mise en retrait du paysage par les grandes zones d’activités et logistiques

Les plateformes logistiques ont trouvé dans la plaine de la Crau les surfaces et la topographie nécessaires à leur implantation. L’unité paysagère supporte deux des plus grandes zones d’activités et logistiques du département, voire de la région : Clésud à Miramas et la ZI de Leuze à Saint-Martin-de-Crau. Ces « hubs » de stockage induisent des volumes bâtis gigantesques et des surfaces de manutention tout aussi importantes, ainsi qu’une densification du trafic routier. La réponse à cette intensification est de nouvelles routes plus larges, assorties de ronds-points et, à l’horizon 2030, de nouvelles infrastructures routières.

Plus que des zones d’habitat, les PLU ouvrent à l’urbanisation de nouvelles zones d’activités, dans le prolongement des existantes, mais cela marque le prolongement d’un processus engagé, préjudiciable au paysage.

Les effets sur les paysages sont pluriels :

  • Déstructuration du paysage local par la suppression de motifs paysagers (haies, trame parcellaire…).
    Imperméabilisation de surfaces importantes et perturbation du fonctionnement des milieux naturels : écoulement des eaux, fonctionnalité des écosystèmes.
  • Simplification par remembrement de la trame parcellaire en raison du besoin de surfaces minimales importantes.
  • Gabarits de voies et d’ouvrages routiers importants prégnants dans le paysage.
  • Masses horizontales exemptes d’exigence architecturale.
  • Création de portions de territoires monofonctionnels.

 

La structure urbaine

Les cœurs historiques de Salon-de-Provence et Saint-Martin-de-Crau étaient regroupés autour de leur église, entourés de remparts à Salon-de-Provence. Cette organisation répond alors à une logique médiévale dont les objectifs étaient le commerce, la défense et l’exploitation agraire du territoire. En effet l’histoire montre le développement de ces bourgs entre les Xe et XIIe siècles. Miramas-le-Vieux appartient à l’unité paysagère de la vallée de la Touloubre (UP 22).

Puis à la faveur du développement économique, les communes se sont étoffées d’un tissu urbain plus ou moins dense de collectifs puis d’habitat individuel. En effet, depuis plusieurs décennies, l’habitat pavillonnaire répond aux attentes des nouvelles populations, redessinant la trame urbaine. Très souvent sur la base du principe du lotissement, ces cellules fonctionnent sous forme de « poches » agglomérées le long des voies ou sur de nouvelles qui ne répondent qu’à la logique de la desserte locale.

  • Recul des lisières urbaines au détriment des espaces agricoles.
  • Étalement puis densification faisant disparaître les respirations et les coupures urbaines des parcelles cultivées ou en prairie.
  • Perte de lecture de la silhouette du village par des premiers plans faits de collectifs.
  • Dévalorisation des paysages des entrées de ville avec l’implantation de petites zones d’activités artisanales et commerciales.

 

Les ruptures par les infrastructures routières et énergétiques

Qu’elles soient routières ou associées à l’exploitation des énergies renouvelables, les nouvelles infrastructures produisent des effets directs sur les paysages soit sur les milieux naturels soit sur les perceptions en fonctionnant souvent comme des ruptures.

Les éoliennes redessinent les horizons et interrompent les panoramas.

Les parcs photovoltaïques hypothèquent les possibilités de renaturation d’anciens sites d’extraction et/ou industriels sur un territoire soumis à la pression des grandes zones d’activités.

Les futurs projets d’infrastructures routières vont transformer le fonctionnement actuel de l’unité paysagère, dans ses parcours anthropiques et naturels. L’application d’une séquence ERC (Éviter, Réduire et Compenser) est en cours pour limiter à terme les effets mais la destruction de milieux et la transformation des panoramas seront inévitables.

  • Les silhouettes dressées des éoliennes sur les lignes d’horizon.
  • L’impact au sol des parcs photovoltaïques ainsi que la nécessité de création de poste pour la redistribution de l’énergie produite.
  • Des coupures dans le fonctionnement de l’unité paysagère des futurs projets routiers.
  • Les nouveaux motifs paysagers des routes.

 

La pérennité de l’activité agricole et pastorale

C’est tout l’équilibre paysager et écologique de la plaine de la Crau que porte l’agriculture : équilibre entre milieux humides des marais et la Crau irriguée ; préservation des coussouls par le pastoralisme.

  • Maintien de la trame paysagère de la Crau verte entre haies brise-vents et canaux d’irrigation.
  • Maintien des zones humides par le réseau des canaux d’irrigation.
  • Protection par le pastoralisme d’un milieu unique, le coussoul, dernière plaine steppique d’Europe.
Les périmètres de protection en 2021

Maintenir et retrouver la lisibilité de l’enveloppe urbaine

Organiser les nouvelles extensions en assurant la cohérence entre formes historiques et nouvelles.

Organiser les transitions entre ville et « campagne » pour maintenir la qualité des lisières urbaines.

Graduer les densités depuis la périphérie vers le centre

Assurer la qualité des entrées de ville, et les requalifier.

S’appuyer sur des structures paysagères pour la composition urbaine : ripisylves, alignements d’arbres, haies, boisement…

Requalifier les zones d’activités, commerciales et les zones d’habitat en discontinuité pour traiter les lisières urbaines.

Maîtriser le développement des énergies renouvelables et des infrastructures énergétiques

Tenir compte des impacts sur les paysages : impact visuel des éoliennes, déconstruction d’horizons par les alignements d’éoliennes, déboisement pour l’implantation de fermes photovoltaïques.

Imposer le solaire en toiture et plus particulièrement dans les grandes zones d’activités et logistiques.

Composer avec des paysages très anthropisés comme les sites industriels.

Tendre vers l’enfouissement des lignes HT et THT les plus prégnantes en limitant les impacts sur les milieux (tranchées).

Engager la reconversion des zones d’extraction et des décharges avec dépollution, renaturation, reconstitution de milieux humides (mise en eau).

Composer un paysage valorisant pour les zones d’activités économiques et rompre l’exclusivité des logiques marchandes, commerciales et fonctionnelles

Assurer un traitement qualitatif des abords (parking, aires de stockage et de manutention) et des interfaces.

Travailler les marges de recul tout en conciliant le besoin d’être vu.

Gérer la signalétique (enseignes et pré-enseignes, panneaux publicitaires), Règlement Local de Publicité.

Avoir une exigence architecturale pour les bâtiments afin d’éviter le prototype.

Structurer le développement des plateformes logistiques à travers une réflexion sur l’organisation spatiale pour éviter la juxtaposition de volumes monumentaux, la recherche de respiration avec le maintien d’espaces non imperméables et végétalisés, la composition de structures paysagères à l’échelle de ces zones.

Valoriser l’agriculture pour son rôle dans l’entretien des paysages et le maintien de la qualité paysagère

Préserver les trames paysagères associées aux pratiques agricoles : haies, canaux…

Soutenir l’agriculture urbaine et péri-urbaine pour son rôle dans la qualité des lisières urbaines et la composition de coupures urbaines. Soutenir l’agriculture de proximité pour la reconstitution des circuits courts.

Encourager la reconversion de friches en cultures.

Accompagner les équipements nécessaires à l’activité agricole : hangars, serres… dans leurs formes, dimensions, matériaux…

Encourager la réhabilitation des bâtiments d’exploitation traditionnels et la préservation des petits éléments : puits, cabanons, canaux, murs en pierre…

Soutenir et valoriser le sylvo-pastoralisme pour le gain dans l’entretien des paysages

Aider les éleveurs en place et accompagner les nouveaux projets,

Maintenir des surfaces suffisantes aux parcours,

Poursuivre la préservation des surfaces de parcours.

 

Accompagner le développement des infrastructures routières

Veiller à la qualité des ouvrages connexes : voies d’insertion, giratoires, murs anti-bruit, équipements de protection…

Qualifier le paysage des routes en mettant en scène les paysages traversés : axes de vue, cadrages, alignements…

Conforter le rôle de la route dans sa fonction de découverte des paysages.

Assurer la préservation des milieux humides (marais et étangs)

Assurer l’entretien des ouvrages nécessaires à leur alimentation : martelières, canaux.

Préserver / reconstituer les motifs paysagers associés : haies, bosquets, roselières…

Sensibiliser la population sur la préservation des milieux rivulaires et humides.

Contenir l’urbanisation (habitat et activités) à proximité des milieux humides ; maintenir ou recomposer une zone tampon entre milieux humides et urbanisation.

 

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