Qu’ils soient naturels, urbains ou industriels comme dans le golfe de Fos ou le long de l’agglomération marseillaise et de sa rade, les littoraux portent de forts enjeux en termes de paysages et de biodiversité. Ils sont géographiquement bien séparés.
Le département des Bouches-du-Rhône a également la particularité de posséder un littoral intérieur, celui de l’étang de Berre.
- Le littoral sableux, depuis la limite départementale avec le Gard jusqu’à Fos-sur-Mer. Les milieux d’intérêt, offerts par ce littoral, correspondent à la série des dunes (dune embryonnaire, dune blanche et dune grise) et aux milieux d’arrière-plage, souvent humides (lagunes, étangs, marais et sansouires) également remarquables.
- Le littoral intérieur. C’est celui de l’étang de Berre, plan d’eau salée relié à la mer par le chenal de Caronte. Cette ouverture naturelle a offert aux activités pétrochimiques, dès les années 1930, les opportunités pour leur installation et leur approvisionnement par la mer tout en étant protégées des coups de mer. Ainsi les rives de l’étang de Berre ont vu s’installer les plus grandes firmes pétrolières mondiales (Total, BP et Shell) et avec elles les communes riveraines de Martigues et Marignane se sont étendues. Mais l’étang de Berre ne se limite pas à ces sites industriels, d’ailleurs en reconversion. Il rassemble à lui seul toute la diversité des paysages littoraux. Petites falaises de poudingue ou de calcaire, criques, anses, plages, salins et marais composent les berges de l’étang. Si le littoral a longtemps été malmené par les activités industrielles, une volonté de reconnaissance de la valeur de ses paysages s’exprime aujourd’hui.
- Le littoral rocheux, depuis Port-de-Bouc jusqu’à la limite départementale avec le Var. Ces milieux rocheux (falaise, éboulis,…) ont la particularité d’être soumis à des conditions extrêmes, sévères (sècheresse, salinité) et renferment une faune et une flore adaptées, remarquables. Ces secteurs sont régulièrement accompagnés de quelques anses ou criques avec des cordons sableux (La Ciotat, Cassis, Carry-le Rouet, La Couronne,…).
Paysages emblématiques du département, les calanques font partie de ce littoral rocheux et ne sont pas réservées au seul massif éponyme.
Le massif de la Nerthe n’est pas en reste et de nombreuses calanques s’immiscent dans les roches : la Vesse, Niolon, l’Érevine, Jonquier, des Figuières.
Les calanques associent le blanc des falaises calcaires abruptes, le vert des garrigues et le bleu de la mer en un ensemble exceptionnel. Le paysage calcaire s’interrompt entre Cassis et La Ciotat avec les poudingues du Cap Canaille et du Bec de l’Aigle, exception géologique du littoral bocca-rhodanien.
De multiples îles et îlots, pour la plupart de petite taille, accompagnent le littoral rocheux et offrent un premier plan aux panoramas ouverts sur l’horizon. Que ce soient les îles du Frioul au large de Marseille, les îles du Riou au cœur du Parc des Calanques ou encore l’île Verte à quelques encablures de la Ciotat, ces lieux constituent très souvent des sanctuaires pour la faune et la flore locale.
Une variété de paysages spectaculaires
Loin d’être uniforme, le littoral des Bouches-du-Rhône présente, par la variété de ses caractéristiques géomorphologiques, une très grande diversité de paysages et de couleurs remarquables et exceptionnels à la fois. Pour celui qui se promène le long de la côte, les ouvertures sur la mer sont tantôt larges et panoramiques tantôt fermées par l’urbanisation résidentielle ou industrielle ; d’autres ne se révèlent qu’aux yeux des randonneurs.
A l’ouest, la Camargue laguno-marine marque par son horizontalité et par l’omniprésence de l’eau. C’est le territoire de rencontre entre le Rhône et la Méditerranée, où les vastes plages sableuses, desquelles émergent quelques dunes, côtoient les méandres du fleuve, les marais et étangs. La végétation rase laisse filer le regard, et la limite est floue, mouvante entre terre et mer. De Martigues à la rade de Marseille, la Côte Bleue déroule une succession de criques, de plages, de ports, et de calanques surmontées de pinèdes dont le relief de plus en plus marqué annonce les falaises plus abruptes du massif de Marseilleveyre et celui des Calanques.
Les falaises du Parc National des Calanques surplombent en effet la mer de près de 400 mètres en certains endroits. La diversité de la topographie, entre crêtes, falaises vertigineuses, plateaux, vallons et éperons, mais également de la géologie (calcaires blancs, poudingue rouge sombre, éboulis et quartz…) sont à l’origine de paysages différents. Le milieu naturel y est exceptionnel de par sa richesse écologique terrestre et marine, et géologique. Cette somptuosité s’exprime aussi dans une palette chromatique variée et par ses contrastes entre la minéralité, l’âpreté de la roche et le vert intense de la garrigue, entre la blancheur des calcaires éblouissants au soleil et le bleu profond de la mer. Les calanques rythment de leurs plages de sable ou de galets, de leurs eaux cristallines, ces falaises à l’apparence inhospitalière. Les parois ocres et rouges du Cap Canaille et du Bec de l’Aigle attirent quant à elles le regard par leur couleur singulière au sein de cette côte calcaire.
Le golfe de Fos, l’étang de Berre et la rade de Marseille, quoique plus anthropisés, participent également de cette variété.
Des espaces de biodiversité également supports de multiples usages
Les paysages du littoral, par la diversité d’habitats qu’ils offrent, sont le support d’une incroyable biodiversité. Plusieurs périmètres de protection reconnaissent cette valeur écologique et mettent en œuvre des politiques de gestion en plus de dispositions réglementaires. Le littoral constitue un espace d’évasion pour les riverains et les visiteurs de passage, attractif par les paysages et les multiples possibilités d’activités qu’il offre. Au-delà de cet aspect récréatif ou contemplatif, c’est une ressource économique d’importance : pêche, mytiliculture, tourisme, croisières…
En 2021, 55 sites de baignade sont dénombrés où la qualité de l’eau est surveillée, 300 spots de plongée et quelques sentiers sous-marins balisés (Frioul, Cassis…), 19 700 anneaux d’amarrage, 49 ports de plaisance, mais aussi spots de kitesurf (secteur de la Gracieuse à Port-Saint-Louis du Rhône, baie de la Ciotat…) et 5000 voies d’escalade dans le Parc National des Calanques. Les 33 cales de mise à l’eau facilitent la pratique d’activités nautiques telles que le kayak, la plaisance ou le jet-ski.
Concentrées sur un même lieu, ces activités peuvent générer des dégradations sur les écosystèmes marins et littoraux. De ce fait, environ 45% des espaces littoraux terrestres et marins* sont réglementés par une ou plusieurs protections : sites classés, Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (étang de Bolmon, Ponteau…), sites Natura 2000, propriétés du Conservatoire du littoral, Parc National des Calanques, Parc Naturel Régional de la Camargue, réserves du Parc Marin de la Côte Bleue… Sur les réserves marines de Carry-le-Rouet et du Cap Couronne, la plongée en bouteille, le mouillage des plaisanciers et la pêche sont par exemple interdits. Le mouillage des bateaux est également impossible dans les calanques d’En-Vau et de Port Pin, pour préserver les précieux herbiers de posidonies des ancres des embarcations en surnombre.
*source : La métropole littorale, Agam 2016