C’est depuis la cité phocéenne au VIe siècle avant J-C que le vignoble va se répandre sur la Gaule. Le vignoble est présent sur tout le territoire du département, du sud au nord et d’ouest en est, jusqu’en Camargue.
Elle connut son âge d’or entre 1880 et la seconde guerre mondiale. Pour autant, sur le département, la viticulture et ses paysages sont essentiellement associés aux territoires géographiques des Appellations d’Origine Protégées (AOP), au nord-est et nord-ouest à l’exception du territoire des Coteaux d’Aix-en-Provence qui vient flirter avec la côte méditerranéenne.
Cinq terroirs viticoles couvrent le département soit au total 9950 hectares de vignoble*. Le vignoble des Bouches-du-Rhône a pour particularité de se situer sur les coteaux et les terrasses qui bordent les massifs calcaires de la chaîne des Alpilles, de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume. Il est également présent sur les piémonts des massifs de La Fare, des Roques, des Côtes, et de la Trévaresse. Il s’est aussi développé en plaine et en vallée, comme sur la plaine agricole de la haute vallée de l’Arc vers Puyloubier, sur le plateau d’Aix-en-Provence, ou encore dans la vallée de la Touloubre autour de Lambesc et Saint-Cannat. Sa diversité est à l’image des territoires qu’il occupe, naturel comme le Cap Canaille à Cassis et structuré, maîtrisé, comme aux portes des villes à Saint-Cannat, Pelissane et même sur les hauteurs de Port-de-Bouc.
La vigne, comme tous les paysages de l’agriculture, est un paysage humanisé qui confère au territoire une forte valeur économique (commerce, tourisme), sociale (convivialité des vendanges et du produit associé, à savoir le vin) et patrimoniale (domaines viticoles et châteaux).
C’est un paysage rural permanent que l’on identifie facilement par sa régularité, ses lignes de force et la géométrie qu’il dessine sur un espace occupé.
Ce territoire viticole est protégé pour la qualité de ses vins, qualifié par la particularité de ses terroirs et reconnu à l’international pour son origine géographique.
Appellations d’Origine Contrôlées (AOC), Appellations d’Origine Protégées (AOP) et Indications Géographiques Protégées (IGP) sont autant de protections et de critères qui, associés à un produit donné, ici le vin, attribuent la qualité de la production à un savoir faire et également à un terroir, dans la considération des paysages, du sol, du climat et du patrimoine.
Le vignoble des Bouches-du-Rhône, c’est :
- Trois IGP qui distinguent trois aires géographiques : les Alpilles, les Bouches-du-Rhône et les Bouches-du-Rhône-Terre de Camargue
- Plusieurs AOC (France) et AOP (Europe) qui désignent le territoire viticole des Bouches-du-Rhône par des appellations territoriales et leurs singularités géomorphologiques : Baux-de-Provence, Cassis, Coteaux d’Aix-en-Provence, Côte de Provence, Palette, Sable de Camargue …
Le vignoble, comme paysage patrimonial :
Loin d’être monotone par une rigueur imposée de ses modes de cultures rectilignes (rangs de vigne), le vignoble du département présente des paysages d’une grande diversité et d’une grande clarté. La lisibilité et la diversité de ce territoire agricole s’observe dans son parcellaire (petites parcelles isolées dans des vallées étroites ou surfaces de vigne étendues dans les plaines à proximité des domaines et châteaux) et dans son occupation du sol, étendue depuis les rivages jusqu’aux pieds de massifs calcaires.
La place de la vigne dans le paysage agraire du département est un élément d’identification important, qui selon les caractères topographiques (coteaux, plateaux, plaines), va dessiner des paysages aux modèles très différents.
Terrasses, murs en pierres, clôtures, alignement d’arbres, haies d’arbustes vont signer ce paysage de caractère. Matériaux de construction, architecture, organisation spatiale de l’habitat vont conforter la particularité, l’originalité, l’authenticité de ce paysage viticole à la fois pittoresque et patrimonial.
Le paysage de la vigne est un élément majeur de l’économie du département, porteur de fortes valeurs identitaires et culturelles.
Les différentes appellations mais aussi les routes des vins qui sillonnent les territoires, offrant des escapades œno-gastronomiques, en témoignent.
« Au pied de la Sainte-Victoire, découvrez les paysages viticoles à couper le souffle et devenus célèbres avec Cézanne ». (routedesvinsdeprovence.com*).
La route des vins des coteaux d’Aix-en-Provence met en avant ces différents territoires et nomme ceux-ci selon des particularités climatiques et géomorphologiques… : terroir du Mistral, terroir des Coteaux, terroir Méditerranéen, terroir des Hauts Plateaux (coteauxaixenprovence.com**).
Les vignobles, espaces de biodiversité.
Les vignobles constituent des espaces cultivés qui n’en sont pas moins riches de biodiversité, différente selon les modes de cultures pratiqués. Du point de vue floristique, ces cultures peuvent renfermer un couvert herbacé constitué de plantes messicoles (les plantes des moissons) et d’adventices divers, qui composent une flore patrimoniale, menacée ou très originale, parfois protégée. Il s’agit d’espèces anthropophiles, qui se développent grâce au mode d’exploitation agricole des terrains et dont l’espèce la plus emblématique est le coquelicot.
Toutefois, après des décennies de pratiques agricoles intensives, ces cortèges d’espèces messicoles se sont largement appauvris, jusqu’à la disparition de certaines espèces. Mais le développement d’une agriculture plus raisonnée permet aujourd’hui leur retour.
On citera par exemple la renoncule en faux, l’adonis annuelle ou encore la gagée des champs ; cette dernière est une espèce protégée (liste rouge nationale)***.
La richesse écologique de certains vignobles est également faunistique avec, quand le mode d’exploitation s’y prête, des populations de reptiles (couleuvres, lézard, voire lézard ocellé). De nombreux oiseaux patrimoniaux vivent et nichent dans ces milieux pauvres en végétation, généralement sableux ou caillouteux, tel que l’œdicnème criard, l’alouette calandre… ou des espèces viennent y chasser, comme le circaète Jean-le-Blanc (rapace mangeur de serpents).
Aujourd’hui certains viticulteurs vont plus loin dans une approche écologique en s’engageant dans les démarches du programme Agrifaune (programme qui vise à mobiliser agriculteurs et gestionnaires d’espaces agricoles pour développer des pratiques en faveur de la biodiversité) et autres bonnes pratiques : meilleure gestion des traitements phytosanitaires, prenant en compte les cycles biologiques et la préservation, mise en place de structures favorables comme les murets, pierriers, haies, ronciers… C’est par exemple le cas des vignerons de la montagne Sainte-Victoire, en concertation avec le Grand Site Concors-Sainte-Victoire.
*source : INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) et chambre d’agriculture PACA).
* *sites consultés en 2020
*** source : Inventaire National du Patrimoine Naturel