éléments de
caractérisation

Un enjeu majeur du développement territorial

Les émissions de gaz à effet de serre du département des Bouches-du-Rhône représentent 51% des émissions de l’ensemble de la région PACA (selon Atmosud).

Elles proviennent principalement de son industrie mais également du trafic routier, moyen de transport dominant, aussi bien pour le transport de marchandises que les déplacements de personnes.

Les volumes de trafic routier les plus élevés sont atteints sur les autoroutes à proximité des grandes agglomérations où les flux locaux s’ajoutent aux flux longue distance.

Les émissions polluantes sont elles aussi concentrées dans les centres des pôles urbains et le long des grands corridors de déplacements (A55, A7, A8, A50…).

Cette pollution visuelle et sonore provient en majorité des déplacements d’échange effectués par les non résidents des centres-villes.

Un paradoxe à cet état : les habitants des centres-villes comptent parmi les moins émetteurs mais subissent la pollution la plus forte.

L’impact environnemental est lourd, climatique et sanitaire. Les habitants des Bouches-du-Rhône émettent près de 2 millions de tonnes de CO2 par an uniquement pour se déplacer, soit environ dix années de chauffage pour une ville comme Aix en Provence.*

Les pollutions liées aux transports détériorent fortement et durablement la qualité de l’air. Marseille est ainsi classée quatrième ville européenne la plus polluée (derrière Sofia, Milan et Cracovie).**

 

* source : AGAM, Les déplacements dans l’espace métropolitain, 2012
**source : Respire- Association de lutte contre la pollution de l’air

Paroles d'expert

Les routes, premier support des mobilités, sont souvent perçues comme des éléments de rupture dans le paysage, des ‘balafres’ qui fragmentent le territoire.

Les impacts négatifs sont sonores, visuels et physiques. Les impacts physiques concernent les ruptures et des discontinuités écologiques qui affectent des terres agricoles et alluviales des bords de cours d’eau. Ils contribuent aussi à la création de « fausses » centralités urbaines. Les enjeux autour des infrastructures routières sont complexes et transversaux ; elles sont indispensables au bon fonctionnement du territoire et à son activité économique. La création et la déviation des routes, répondant à un enjeu de maillage, engendrent de manière non désirée un développement urbain incontrôlable, nécessitant de rallonger toujours plus un réseau routier à l’emprise déjà considérable.

Dynamiques
d'évolution

état antérieur État évolué

L’évolution des modes de déplacement impacte directement l’organisation des territoires et leurs paysages. Si les logiques actuelles sont perpétuées, l’étalement urbain et la multiplication des zones d’emplois engendreront le développement de nouveaux axes routiers dont l’implantation induira l’artificialisation de terres agricoles ou de zones naturelles.

Les couloirs de communication majeurs actuels, déjà fournis à l’échelle du département, seront renforcés par de nouveaux projets encore à l’étude ou déjà engagés : les contournements d’Arles et de Port-de-Bouc, celui de Câateaurenard, la liaison Salon-de-Provence/Fos-sur-Mer. Il faut aussi citer l’aménagement du Boulevard Sud à Marseille, le barreau autoroutier Jas de Rhodes, l’échangeur de Belcodène.

Les conséquences sur les paysages sont importantes par les travaux de terrassements parfois titanesques mais aussi dans ce que ces ouvrages construisent comme ruptures écologiques, malgré la construction de passages à faune. Il faut aussi considérer les ouvrages connexes comme les murs de protection acoustiques qui fonctionnent comme autant de barrières visuelles.

Le principal facteur d’évolution des mobilités dépendra de la mise en place d’alternatives à la voiture efficaces et pérennes. Cela implique également des changements dans les habitudes des usagers.

De nombreux projets structurants sont à l’étude, notamment la réalisation de la Ligne Nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur (LNPCA) et la gare souterraine de Marseille-Saint-Charles au-delà de 2030. Mais l’analyse des transformations identifiées en termes de mobilité urbaine fait apparaître un double mouvement, confrontant le rôle encore central qu’occupe la voiture à l’émergence de moyens de transport alternatifs.

Quelques innovations sociotechniques autour de la voiture voient le jour : parking relais en périphérie urbaine, voiture électrique, modèles de voiture en libre-service, covoiturage…

Afin de concurrencer et réduire l’usage de la voiture individuelle, l’enjeu principal est d’améliorer la compétitivité des réseaux de transports en commun. Actuellement, l’usage des transports en commun sur les grandes agglomérations du département se développe moins qu’au niveau national. Cela s’explique entre autres par un moindre investissement et par la nature morcelée du territoire complexifiant l’implantation d’un réseau unique et structuré. La volonté des politiques publiques d’accentuer leur développement place la dynamique d’évolution vers une utilisation accrue de ce mode de déplacement.

L’urbanisation du territoire s’est faite selon un processus d’étalement urbain avec de faibles densités de population sur une partie importante du territoire. Il faut aussi considérer le relief contraignant les implantations urbaines. De nombreuses zones d’emploi se retrouvent non accessibles en transports en commun rendant nombre d’actifs dépendants de la voiture.

Le système de transports collectifs est aujourd’hui très insuffisant ce qui explique également le report des usagers vers la voiture individuelle. La fréquentation des transports en commun à Marseille est proche de la moyenne, celle des autres réseaux urbains est généralement inférieure de moitié aux moyennes nationales*. Néanmoins des transports publics (inter-)urbains se développent en cherchant une meilleure desserte du territoire : tramway, Bus à Haut Niveau de Service, réouverture des gares et des lignes TER, bateau-bus, etc.

Il est aujourd’hui nécessaire de structurer le réseau départemental et de mettre en place une armature de transports en communs homogène sur tout le territoire pour aboutir à un système renforcé et fonctionnel. Un réseau plus local est également à réfléchir au sein des bassins urbains. La création des voies réservées au bus sur les autoroutes montre l’engagement de faciliter le développement des transports collectifs performants notamment sur l’axe Marseille/Aix-en-Provence.

Le transport multi-modal commence à se développer permettant une baisse conséquente de l’utilisation de la voiture. Afin de favoriser ce mode de déplacement, les infrastructures nécessaires doivent être mises en place : pôles d’échanges multimodaux, et parkings relais.

Mais il s’agit également de transformer des habitudes de transport qui font encore préférer la voiture individuelle aux transports en commun.

En ville, la création de lignes de tramway et/ou de BHNS offre des occasions de requalification urbaine. Il s’agit de faire sortir des périmètres des centres-villes ces modes déplacement. Un projet de BHNS est en cours entre Marignane et Vitrolles.

 

* source : Livre blanc des transports métropolitains Aix-Marseille-Provence, 2014.

Les déplacements doux, ou actifs, caractérisent l’ensemble des modes de transports sans moteurs qui ne génèrent ni pollution ni gaz à effet de serre : la marche, le vélo, la trottinette… Ces modes doux peuvent se substituer à la voiture uniquement sur des courtes distances et en milieu urbain principalement. Ils nécessitent une sécurisation et un confort des itinéraires empruntés.

Aménager des itinéraires doux n’est pas qu’une réponse fonctionnelle et de sécurité. Ils contribuent à apaiser l’espace urbain et permettent des requalifications de voirie. Sur des voies existantes, cela implique de réduire la place la voiture. Leur aménagement peut s’accompagner d’un recalibrage d’une voie et ainsi revenir à une échelle plus urbaine. Les voies douces sont aussi l’occasion de végétalisation et ainsi replacer de la nature en ville. Les aménagements de voies vertes peuvent ainsi se traduire par la création de nouvelles trames végétales : alignements d’arbres, bandes végétalisées… favorables au développement de la nature en ville support d’une biodiversité retrouvée. C’est aussi l’occasion de lutter contre les îlots de chaleur.

Reconnu comme le mode de déplacement de l’avenir, le vélo devient un engagement de la Métropole Aix Marseille Provence formalisé au travers du Plan vélo. C’est un des quatre points de l’Agenda Environnemental commun au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et à la Métropole Aix-Marseille-Provence.

Au-delà du simple plaisir que procure sa pratique, le développement de ce mode de déplacement est aussi un enjeu de santé publique et d’un mieux-vivre en ville. Il répond à l’urgence de réduire l’usage de la voiture dans les agglomérations. 39 % des déplacements de moins de 3 km s’effectuent actuellement en voiture alors qu’ils pourraient être faits en vélo*. Face à ce constat, la Métropole Aix-Marseille-Provence s’engage à faciliter la transition vers ce mode de déplacement doux. Elle initie un plan vélo de 60 millions d’euros sur cinq ans en complément des 40 millions d’euros déjà engagés par le Département des Bouches-du-Rhône*.
Aujourd’hui l’usage du vélo dans la métropole marseillaise est encore peu sécurisé et le relief accidenté en complique sa pratique. Pour encourager l’usage du vélo, de nombreuses pistes cyclables seront créées.

Un premier appel d’offres est lancé en 2021 pour la création d’un tronçon de la voie vélo Littoral qui reliera, à Marseille, l’Estaque à Montredon au sud de la ville.

Ailleurs, des initiatives locales ont permis l’aménagement de pistes cyclables comme entre Aubagne et la Penne-sur-Huveaune. De nombreuses pistes cyclables existent en milieu rural mais sont davantage à visée touristique ou de loisirs.

Les « Boucles du 13 » couvrent plus de 450 kilomètres. Cependant implantées sur le réseau secondaire, elles ne sont pas séparées du trafic routier. La Via Rhôna, voie verte reliant le lac Léman à la mer Méditerranée, traverse le territoire sur 36 kilomètres entre Arles et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Cette voie cyclable est pratiquée principalement à des fins touristiques et n’est pas au service des déplacements quotidiens. Elle est une formidable opportunité de découverte des paysages camargais.

Le vélo à des fins utilitaires est, hors agglomération, peu utilisé et représente seulement 2% des déplacements. Les freins au développement de cette pratique sont principalement :

  • Le sentiment d’insécurité dû au manque d’infrastructures cyclables et de continuité entre celles-ci.
  • Un manque d’entretien de certains aménagements.
  • Une inter-modalité limitée.

Le développement de liaisons cyclables sécurisées permettant de relier pôles urbains et zones d’activités serait apprécié. Les projets routiers et projets de transports collectifs doivent servir de support au développement d’infrastructures cyclables. L’objectif du schéma directeur vélo départemental est de porter le linéaire d’aménagements cyclables à environ 1200 km. Le réseau actuel en comprend 550 km dont 80 en site propre.

 

* source : le Plan Vélo de la Métropole AMP et du Conseil départemental

enjeux paysagers
ce qui est en jeu

L’enjeu est une notion qui établit les gains et les risques potentiels, d’un point de vue littéral « ce qui est en jeu ». Il s’agit de déterminer la valeur et la qualité de ce qui est en jeu. 

La valeur paysagère

Elle est élevée. La préservation des espaces naturels et agricoles des Bouches-du-Rhône et des axes historiques urbains dépend de l’évolution du réseau routier et donc des modes de déplacement des habitants. Afin de limiter au maximum l’artificialisation de ces espaces et améliorer la qualité des espaces publics en ville, le développement des modes de déplacements actifs et du réseau de transports en commun est à privilégier.

 

La valeur sociale

Elle est élevée. Actuellement, de nombreux habitants se retrouvent freinés dans leurs déplacements en raison de l’absence de véhicule individuel et de la mauvaise desserte par les transports en communs de certaines zones périurbaines ou rurales. Le développement d’un réseau de transports homogène, couvrant l’intégralité du territoire, est un gage d’équité entre tous les habitants et un levier de développement pour certaines zones enclavées.

 

La valeur écologique

Elle est élevée. Les axes routiers, en plus de la pollution occasionnée par le trafic routier, fonctionnent comme de véritables ruptures écologiques. Les projets de nouveaux axes majeurs (contournements, élargissement des autoroutes…) fragmenteront de nouveaux espaces. Le développement des modes doux et des transports en commun participent à la préservation des milieux en limitant les GES, les îlots de chaleur en ville…

 

La valeur économique

Elle est aussi importante. Les axes routiers captent l’implantation de nouvelles activités porteuses d’emplois et d’économie pour le territoire concerné : surfaces commerciales, activités tertiaires, artisanales voire industrielles…mais elles sont aussi un facteur de dégradation des paysages car souvent réalisées sans ambition de qualité architecturale et paysagère.

Facteurs d'évolutionGainsPertes
Développer les transports en commun

Décongestionnement des axes routiers.

Amélioration de la qualité de l’air.

Désenclavement urbain.

Création de trames végétales et de nouvelles continuités écologiques.

Encombrement visuel de certains équipements (câbles, supports…)

Développer les modes doux

Apaisement des espaces publics en centres urbains.

Création de trames végétales et de nouvelles continuités écologiques.

Requalification de l’espace public

Confort de l’usager et « slow » tourisme

objectifs &
leviers d'action

• Les objectifs

Favoriser l’intermodalité au quotidien par l’implantation des aménagements adaptés.

Développer les réseaux de transports en commun sur l’ensemble du territoire.

Renforcer la part des déplacements actifs en zone urbaine.

Développer les réseaux de pistes cyclables afin de créer un maillage qui soit support des déplacements quotidiens.

Diminuer la part des déplacements liés à l’usage de la voiture individuelle.

• Les leviers d'action

  • SRADDET – Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’égalité des territoires
  • SRI – Schéma Régional de l’Intermodalité
  • PDU – Plans de Déplacements Urbains
  • PPA – Plans de Protection de l’Atmosphère
  • Schéma directeur routier départemental
  • Schéma directeur vélo départemental
  • Schémas directeurs des modes actifs
  • Plan de Paysage de la Métropole Aix-Marseille.

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