Ce sont des paysages banalisés existant indépendamment de tout contexte urbain ou paysager.
Né dans les années 1960, ce type de paysage a observé un développement rapide au sein des Bouches-du-Rhône avec notamment de vastes zones commerciales (Plan de Campagne…), des zones d’activités mixtes ou plus récemment, des plateformes logistiques (Saint-Martin-de-Crau, Clésud). Disséminées sur une grande partie du département, à l’exception notable de la Camargue et des espaces aux pentes marquées, ces diverses zones d’activités se regroupent principalement en certains lieux stratégiques : autour de l’étang de Berre, dans les vallées majeures (Huveaune, Arc, Rhône), le bassin de Marseille et la plaine de Crau. Les axes de communication et en particulier les autoroutes catalysent le développement de ces espaces par l’effet « vitrine » qu’elle procurent et la facilité d’accès. Ce phénomène s’observe aussi en rase campagne, sans aucun lien avec le tissu urbain, hormis la route. Le développement de petites zones d’activités en entrées de villes répond à ce même besoin de visibilité et d’accessibilité.
Les paysages des activités sont très souvent associés à des ressentis négatifs en raison de leur impact paysager et environnemental : banalisation des paysages, artificialisation des sols, et notamment des sols sans « valeur » urbaine mais riche de biodiversité, confrontation des échelles, disparition des haies, perte d’identité locale, absence d’espaces tampons et de traitement des lisières, augmentation du trafic routier…
Quoi qu’il en soit ce sont des lieux qui portent une intense activité économique, vecteur de développement et d’attractivité pour les environs. Ce constat reste malgré tout à modérer, car la rentabilité de ces lieux n’est pas toujours effective. En effet, la déshérence et le « turn-over » observé parfois dans des petites zones d’activités laisse deviner le difficile équilibre économique sous-jacent.
Des paysages « techniques »
La plupart des zones d’activités existantes ont été créées dans un souci de fonctionnalité tant du point de vue des voies de desserte et des espaces d’accompagnement que des bâtiments eux-mêmes ou du schéma d’aménagement global. Le déni de paysage y est particulièrement marqué.
Ces espaces se caractérisent par leur sectorisation et leur monospécificité. Les activités se concentrent en effet souvent en un même lieu pour bénéficier des infrastructures et de l’attractivité procurée par l’effet de masse. Ce sont des lieux qui « vivent » aux heures d’ouverture mais sont inoccupés et déserts en dehors de celles-ci.
Certains de ces espaces font quant à eux figures de nouvelles « urbanités », où la plurifonctionnalité (restaurants, services, équipements culturels, de loisirs ou sportifs et même habitat) milite pour un fonctionnement permanent. C’est principalement le « modèle » Plan de Campagne, temple de la consommation. C’est aussi le cas de la zone d’activités du Rove qui mixe activités et habitat en totale déconnexion d’un centre urbain. De façon générale, les formes architecturales des paysages d’activités sont dictées par des enjeux de fonctionnalité et de moindre coût, aboutissant alors à une succession de hangars métalliques, simples parallélépipèdes aux matériaux rudimentaires, à l’exception des zones de bureaux qui présentent une architecture plus qualitative.
Pensés pour les voitures et les poids lourds, les espaces d’accompagnement de ces bâtiments sont essentiellement minéraux et répondent aux seules exigences de fonctionnalité. La place des modes doux y est souvent inexistante.
Ce fonctionnalisme poussé à l’extrême est une des causes de la déconnexion de ces espaces vis à vis de leur contexte, puisque la prise en compte de la spécificité des paysages est reléguée au second rang, derrière des préoccupations techniques. Les singularités paysagères sont gommées par des aménagements et des infrastructures qui partout se ressemblent.
Des paysages marquants
- Un gigantisme qui interpelle
Les paysages des activités se caractérisent par leurs composants à l’échelle souvent monumentale, due notamment aux volumes bâtis imposants qui profitent des espaces plans pour s’étaler sur de vastes surfaces, accompagnés de parkings, zones de manutention, de stockage… Ces dimensions exceptionnelles liées tant aux entrepôts, qu’aux espaces interstitiels ou aux voies de desserte, dont les profils sont parfois conséquents afin de répondre aux gabarits des véhicules, rendent ces équipements difficilement intégrables dans le paysage.
- La publicité omniprésente
Autre facteur qui accentue la prégnance des zones d’activités : l’accumulation de couleurs et de signalétiques qu’imposent les chartes des enseignes et distributeurs et/ou la nécessité d’être vu. Les panneaux publicitaires, les enseignes et la signalétique aux couleurs, aux formes, et aux dimensions hétérogènes se juxtaposent dans un certain désordre, saturant les perceptions visuelles. Ce phénomène est finalement contre-productif car il créé une forme d’illisibilité. Il est particulièrement visible en amont des zones commerciales, en entrée de ville et de part et d’autre des axes de traversée urbaine.
- Une absence de traitement des lisières
L’implantation des zones d’activités a généralement lieu au contact direct de milieux naturels ou agricoles, sans espaces tampons ou traitement paysager des lisières. On aboutit ainsi à une confrontation entre des massifs boisés, des grandes plaines, des plaines arboricoles…et des paysages d’activités, fortement artificialisés et sans réelle qualité paysagère. L’absence de structuration paysagère, de prise en compte du contexte et la faible végétalisation de ces espaces accentuent le contraste avec les environs et renforcent la prégnance de ces paysages anthropisés.