C’est dans ce golfe que la plaine de la Crau, ancien delta de la Durance, rencontre la mer Méditerranée. Cette plaine deltaïque et sa façade maritime ont donné les opportunités à l’industrie pour s’installer.
C’est dans ce golfe que la plaine de la Crau, ancien delta de la Durance, rencontre la mer Méditerranée. Cette plaine deltaïque et sa façade maritime ont donné les opportunités à l’industrie pour s’installer.
Le développement industriel ne cessera alors de marquer les paysages par ses installations, certaines monumentales comme l’usine d’ArcelorMittal, dont la silhouette est identifiable depuis les contreforts des Alpilles. L’horizon de la plaine littorale se hérisse de cheminées et de structures métalliques qui, la nuit, composent des constellations de lumières. Aux cheminées s’ajoutent aujourd’hui les éoliennes.
Les villages de pêcheurs de Port-de-Bouc et Fos-sur-Mer sont devenus des agglomérations denses. Quand Fos-sur-Mer est plutôt composée d’habitat individuel, l’habitat collectif domine à Port-de-Bouc. Certains ensembles sont des points de repères comme la cité des Comtes implantée sur un promontoire ou celle des Aigues Douces en bord de mer, dont les percées créent des jeux de lumière.
L’unité paysagère est celle de la rencontre entre un habitat traditionnel, patrimonial et les formes modernes d’habitat. À côté de la skyline industrielle de Fos-sur-Mer, le vieux village se dresse sur son rocher, reconnaissable par l’église Saint-Sauveur et son clocher qui pointe vers le ciel. Les marais salants et l’étang de l’Estomac composent le socle paysager de son centre historique. Port-de-Bouc, hameau de Fos-sur-Mer jusqu’en 1866, est une ville portuaire. Ici encore tradition et modernité se font face : le fort de Bouc, ouvrage du XVIIe siècle devenu propriété de la ville de Martigues, « répond » à la tour de la Lèque érigée dans les années 1970.
Entre Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du- Rhône, le littoral de la Crau s’est industrialisé autour des darses creusées entre les marais et les salines du site originel. Cette unité, calée sur les structures construites du port de Fos, s’articule entre les espaces urbains et industriels de l’étang de Berre et les paysages naturels de Camargue. Elle s’ouvre largement au nord sur l’immensité de la plaine de Crau.
Au sud, l’horizon se peuple d’ombres, paysage étrange, évanescent comme un mirage…
A l’approche, masses grises et noires, cheminées enfumées se distinguent peu à peu…
Odeurs de soufre et de naphte dispersées par les vents…
La nuit, l’ensemble vit encore par ses scintillements. De rares points de vue perchés permettent de lire ce paysage : le vieux village de Fos et les collines de Castillon à l’est.
Le regard embrasse alors les marais et les salins jusqu’à la mer, tout en découvrant l’organisation en plans étagés des voies ferrées, des canaux et des voies rapides. Le profil des usines se découpe sur un ciel immense, couronne discontinue autour du golfe semé de navires en attente.
De beaux panoramas sur une économie prégnante…
Au même titre que la Camargue voisine, les paysages originels du golfe de Fos ont inspiré peintres et écrivains.
Ainsi au XIXe siècle et au début du XXe siècle, Félix Ziem, Paul Guigou et Auguste Chabaud ont peint le vieux village de Fos et les marais voisins.
Pierre Ambrogiani a su exalter par la magie de ses couleurs ce paysage en mutation.
Les sous-unités paysagères individualisent des paysages qui composent une unité paysagère et font valoir des spécificités au sein de l’unité.
La ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône puise ses racines historiques et culturelles dans celles de la Camargue. Cette sous-unité paysagère inscrite dans l’atlas des paysages de 2006 au sein de l’unité paysagère du Golfe de Fos est rattachée, dans la version réactualisée, à l’unité de la Camargue.
Les masses de béton et d’acier des usines disséminées sur l’horizontal du rivage émergent sur les larges étendues de végétation rase et de plans d’eau des étangs, des darses et des canaux. Couleurs froides, odeurs prenantes, peu de bruit. Les hommes sont peu visibles, à l’exception de quelques pêcheurs le long des quais. Les activités semblent cachées : aucun spectacle ni effervescence tels qu’on les imagine dans un port.
Le paysage paraît inachevé : se confondent et s’interpénètrent les usines et les marques d’un passé récent, celui des mas et des cabanons en sursis, des sansouires et des marais où les flamants roses côtoient encore réservoirs et hangars….Les usines barrent l’horizon et paraissent faussement ramassées, concentrées. L’immensité du site sans relief, l’absence de repère, ne laissent pas d’appréciation possible de la taille des constructions ni des distances.
Au nord, le littoral est un espace industriel gagné sur l’ancien étang de Caronte par remblaiements successifs : des entrepôts et le stockage à sec de bateaux de plaisance occupent les rives sud du chenal de Caronte. Au sud-ouest, le port pétrolier de Lavera, créé en1922, compose un paysage dantesque dans une atmosphère aux effluves souffrées : bassins du port pétrolier, enchevêtrement des conduites, cylindres des réservoirs de pétrole, sphères de stockage gazeux, tours des raffineries, lignes électriques…
Les cités ouvrières et les usines chimiques s’étagent sur les versants littoraux jusqu’à la dépression de Saint-Pierre. Au cœur de cet univers, le fort de Bouc du XVIIe siècle apparaît comme un havre dégradé, en promontoire au-dessus de l’eau.
Ce paysage “relique” d’avant l’industrialisation se découvre depuis la route côtière et les collines de Castillon.
La vue offre une succession de plans contrastés, avec la plage, le canal, les salins et l’étang de l’Estomac, dominés par le rocher de Fos, les ruines du château et le vieux village.
Les versants collinaires de garrigue piquetée de bosquets de pins ferment l’horizon au nord-est.
Au-delà des salins, la ville de Port-de-Bouc occupe la presqu’île qui referme le golfe à l’est.
La masse rouge sombre et les cheminées de l’ancienne usine Lafarge forment l’avant-scène de la ville.
Le paysage bâti, hétérogène, combine les longues barres de collectifs, les supermarchés, les parcs de stationnement et un pavillonnaire dense sur les versants des collines de Castillon.
Vers Caronte, les masses sombres des usines sont le signal de la zone portuaire.
A l’est, l’horizon s’arrête aux collines tabulaires de molasse et de grès qui dominent Fos-sur-Mer, en lisière de l’étang de Berre.
Le paysage végétal des coussouls et des étangs s’interpénètre.
Dans cette unité où tout semble hors d’échelle, les dimensions des aménagements industriels répondent aux vastes étendues de végétation naturelle, reliques du paysage initial du littoral de la plaine de Crau.
Au nord-est, les chênes verts, les pins d’Alep et les pins pignons pointent dans l’ultime avancée des coussouls. A l’est, en limite de l’unité, la pinède et la garrigue habillent les versants calcaires de Castillon.
Quelques bribes d’un paysage rural de manades et de riziculture composent une frange agraire au nord-ouest : les mas des Bannes, de Gonon, des Platanes et de l’Audience s’insinuent dans la zone industrielle.
L’aménagement de “l’Europort » s’est traduit par un remodelage du site • Les darses, plans d’eau rectilignes, aux dimensions difficiles à estimer sans cartographie, sont creusées dans les anciens marais et pénètrent à l’intérieur des terres sur 4 à 4,5 km de long et 600 m de large.
L’exploitation des salins a cessé. Les planches aux bords rectilignes, les lagunes saumâtres aux formes souples, structurent un paysage géométrique. Les couleurs sont éclatantes avec des reflets, une brillance, sur le blanc des prismes immaculés des camelles de sel. La netteté des contours et des couleurs va peu à peu s’estomper.
L’urbanisation autour du village ancien contraste avec les arrière-plans industriels : le village perché domine les cylindres des réservoirs d’hydrocarbures, les tours et les cheminées des raffineries proches.
Des secteurs jusqu’alors vacants ont été affectés à l’accueil des employés du complexe industriel. Une kyrielle de lotissements a surgi dans l’urgence, sans organisation spatiale, à partir du village jusqu’aux abords de la zone industrielle, espace hybride sans centre ni fonctions urbaines autres que le logement.
D’abord hameau de Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc prend son indépendance en 1866. De tous temps, le port de Bouc a suscité un intérêt, voire une certaine convoitise, par sa situation stratégique aux portes de l’étang de Berre et sa longue façade maritime. La construction de la jetée en 1815 et le percement du canal d’Arles à Bouc en 1834 marquent le début de son développement économique. La ville s’est bâtie autour des Chantiers et Ateliers de Provence spécialisés dans la construction de paquebots et cargos. Les Chantiers de Provence ont fonctionné comme une formidable machine d’intégration de populations d’origines très diverses, issues du pourtour méditerranéen notamment, associée à un fort syncrétisme syndical. Ces deux dimensions marquent l’histoire de Port-de-Bouc et de sa population.
Ses activités industrielles se sont partagées entre la chimie, la pêche et la construction navale. Quelques années après l’installation des Chantiers de Provence, la ville a accueilli plusieurs usines chimiques (Saint-Gobain et Kuhlman) et la raffinerie de pétrole la Phocéenne. Ces usines toutes implantées à proximité d’habitations ont été à l’origine de drames qui ont marqué la commune. A la suite de plusieurs accidents, la raffinerie ferme puis ce sera le tour de Saint-Gobain.
La ville est aussi fortement marquée par son industrie avec l’important réseau de pipelines qui innerve son sous-sol. Avec la fermeture des chantiers navals de Provence en 1964, la ville de Port-de-Bouc doit faire face à la perte brutale d’emplois. La crise pétrolière de 1975 aura aussi des conséquences importantes en termes de déclin socio-économique.
Conjointement à l’installation de ces activités industrielles se construisent les cités ouvrières autour des sites de production. Le paysage de la commune ne cessera de se transformer au fur et à mesure de son occupation par des activités industrielles puis de leurs fermetures.
Cette histoire générale n’est autre que la genèse des différents quartiers qui ont spatialisé Port-de-Bouc, entre cités ouvrières, grands ensembles collectifs et plus récemment un habitat pavillonnaire, témoins de l’abandon de son statut de ville industrielle.
Le golfe de Fos constitue une partie de la basse Crau et de la Camargue laguno-marine très largement remaniées par le complexe industrialo-portuaire. Sur ce secteur, le creusement de profondes darses et le comblement des lagunes, à la fin des années 1960, ont complètement redessiné le trait de côte du golfe et entraîné la perte de vastes surfaces d’espaces naturels à très forts enjeux. Environ 7 000 ha de lagunes et autres zones humides ont ainsi disparu (étang de Gloria, étang de la Roque, marais du Galéjon, marais et arrières dunes du Cavaou,…).
Aujourd’hui, chaque espace encore laissé en état, dans ce complexe industrialo-portuaire, est susceptible de renfermer des enjeux écologiques notables, similaires à ceux décrits dans l’unité paysagère « La Camargue et l’embouchure du Rhône ». Les zones qui restent les plus riches, sur le plan écologique, sont notamment les marais résiduels de Fos, le site du Cavaou qui correspond au reliquat du littoral sableux de Fos-sur-Mer, les restes des dunes arasées de la Roque.
Ces secteurs relictuels de dunes abritent la trilogie des plantes typiques de ces milieux (chardon des dunes, lys de mer et échinophore épineuse – Eryngium maritimum, Pancratium maritimum et Echinophora spinosa) et des pelouses sèches sablonneuses où abonde le liseron rayé (Convolvulus lineatus). Le raisin de mer (Ephedra distachya) se maintient sur l’ancien cordon dunaire de la Roque.
Les secteurs remaniées ont vu se développer des sansouires et de remarquables steppes à saladelles avec des populations numériquement importantes d’espèces rares : Limonium girardianum, L. densissimum, L. duriusculum… Ces milieux ouverts et bas (sansouires, pelouses et autres zones de remblai) accueillent une avifaune riche en espèces patrimoniales : alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), alouette calandre (Melanocorypha calandra), guêpier d’Europe (Merops apiaster), œdicnème criard (Burhinus oedicnemus), cochevis huppé (Galerida cristata)… Ils abritent également encore le rare pélobate cultripède (Pelobates cultripes), crapaud méditerranéen associé aux mares temporaires, et le lézard ocellé (Timon lepidus), le plus gros lézard d’Europe, typique des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne.
Mais ces secteurs voient également la dynamique très envahissante de l’herbe de la Pampa (Cortaderia selloana), graminée ornementale qui présente ici une menace sérieuse pour les écosystèmes relictuels présents.
Les roselières hébergent une avifaune spécifique mais on notera surtout la présence des derniers pieds provençaux de la scammonée de Montpellier (Cynanchum acutum) dans le secteur de la Feuillane.
Enfin, les anciens salins de Fos possèdent une flore encore mal connue mais probablement très riche : y ont été déjà trouvées l’orchis des marais (Anacamptis palustris) et le cranson à feuilles de pastel (Ionopsidium glastifolium). Le marais de Fos, constituant l’extrémité sud du marais de la Coustière de Crau, est fortement envahi par le séneçon en arbre (Baccharis halimifolia) espèce exotique originaire des États-Unis.
Au niveau de la faune, les anciens salins de Fos offrent un panel très intéressant d’oiseaux inféodés aux milieux saumâtres à salés. C’est le cas de plusieurs espèces de laro-limicoles nicheurs telles que l’échasse blanche (Himantopus himantopus), l’avocette (Recurvirostra avocetta), le petit gravelot (Charadrius dubius), le chevalier gambette (Tringa totanus), l’huîtrier pie (Haematopus ostralegus), la sterne pierregarin et naine (Sterna hirundo et S. albifrons),…
La nette rousse (Netta rufina) se reproduit au nord de l’étang de l’Estomac.
Ce site présente également un intérêt pour de nombreuses espèces en migration ou en hivernage, avec parfois des effectifs importants : le flamant rose (Phoenicopterus ruber) jusqu’à 900 individus, la mouette mélanocéphale (Larus melanocephalus) jusqu’à 1000 individus en dortoir et le grand cormoran (Phalacrocorax carbo) présent en dortoir comptant jusqu’à 100 individus.
Pour finir, on mentionnera également la présence de la tortue aquatique, cistude d’Europe (<Emys orbicularis) dans les marais de Fos.
• Les atouts
• Les fragilités
• Carte des infrastructures
C’est ensuite aux voies ferrées d’assurer le transport des marchandises. Elles sont aussi à l’origine d’ouvrages remarquables comme le pont Eiffel du chenal de Caronte qui dessert le site pétrolier de Lavéra.
Les voies ferrées ne servent pas exclusivement au transport des marchandises. Celui des voyageurs est encore assuré de Marseille à Miramas via Port-de-Bouc. La voie ferrée au cœur de la ville de Port-de-Bouc et le nombre de faisceaux compose une véritable coupure urbaine.
C’est ensuite un maillage dense de voies de tout gabarit. Certains sont imposants en raison du trafic des poids lourds qui assurent la desserte de la zone industrialo-portuaire. La largeur des voies, leur registre de voies rapides et les dimensions des ouvrages connexes, comme les ronds-points, sont à la mesure de ces sites industriels monumentaux. Les villes de Fos-sur-Mer et Port-de-Bouc supportent ce trafic dense et l’aspect avant tout fonctionnel de ces axes à grand gabarit nuit à la qualité des paysages des routes. La RN568 traverse Port-de-Bouc et cisaille la ville en deux. Sur cet axe, aucun élément de vocabulaire n’évoque la ville. Tandis qu’au cœur de la commune, de longs alignements de platanes accompagnent les axes structurants comme l’avenue Maurice Thorez, axe central nord/sud. La prolongation de l’A55 devra améliorer le confort de Port-de-Bouc mais il interroge sur les impacts de l’ouvrage sur les paysages collinaires. Fos-sur-Mer est plus épargnée. La RN568 contourne la ville. En son centre, la RD26 est bordée de pins d’Alep, dont l’âge se lit par les dimensions impressionnantes des sujets. Le point commun de ces infrastructures routières consiste en leurs longues portions rectilignes.
Un réseau de pipes-lines traverse l’unité paysagère. Bien que ces ouvrages soient enterrés, ils se lisent dans le paysage par les bandes déboisées qu’ils nécessitent sur leur tracé.
Les infrastructures sont aussi énergétiques. Les éoliennes, installations somme toute récentes et en développement, s’ajoutent aux cheminées d’usine pour redessiner les lignes d’horizon.
Les cartes ci-dessus montrent un accroissement notable des activités industrielles et manufacturières. Fos-sur-Mer a offert les opportunités foncières à ce développement.
La croissance se porte, en toute logique, également sur les activités portuaires.
Quant à l’urbanisation, elle s’est effectuée en continuité et à la marge du tissu urbain existant sur les deux communes .
Les espaces agricoles sont réduits à quelques surfaces sur les hauteurs de Port-de-Bouc. L’évolution tient dans la disparition de parcelles viticoles .
Autour de Lavéra, aucune évolution ne s’est produite.
En 2020, le port de Marseille-Fos a su résister à la baisse du trafic maritime mondial, conséquence de la crise sanitaire du Covid 19, bénéficiant d’une assise financière confortable et permettant la poursuite de ses engagements en termes d’aménagement. Le GPMM engage des actions visant l’excellence environnementale au travers du projet PIICTO et de l’OAZIP 40 :
Clé de lecture
Le graphique exprime les évolutions paysagères et urbaines de l’unité paysagère, entre 2006 et 2021.
Il rend compte d’une manière synthétique des évolutions que porte l’unité paysagère.
Le gradient attribué à chaque item est le fruit d’observations de terrain, d’analyses cartographiques et de données.
L’analyse est quantitative.
• fACTEURS d'évolution
Leurs corps d’usines ont radicalement transformé la plaine littorale et l’industrialisation s’est accompagnée d’une urbanisation spécifique, particulièrement lisible à Port-de-Bouc. Les grands ensembles (Tassy, les Comtes, les Aigues-Douces…) sont nés du besoin d’accueillir les populations ouvrières de Fos-sur-Mer. Les plans de l’État prévoyait l’abandon du village de Fos en raison des risques de pollution.
Ces formes d’architectures ne répondent plus aux attentes des nouvelles populations. En conséquence s’est développé un habitat individuel pavillonnaire. Cette tendance se poursuit depuis 2006 et les communes sont engagées dans un travail de reconversion suite aux fermetures successives de certaines usines. Elles travaillent à effacer leur image industrielle et à valoriser la qualité de leurs espaces de nature, notamment.
Le prolongement de l’A55 transformera la ville de Port-de-Bouc mais également ses paysages car le tracé est prévu sur les collines de Saint-Jean et rejoindra la RN568 au carrefour du Pont du Roy.
Les conséquences du changement climatique seront particulièrement visibles sur ces espaces en littoral : recul des terres avec la montée du niveau marin, infrastructures submergées, hausse des températures, assèchement d’étangs, tempêtes plus fréquentes etc.
L’urbanisation s’est faite à la marge de la trame existante. Les villes de Fos-sur-Mer et de Port-de-Bouc ont leur profil actuel depuis de nombreuses décennies, occupant l’espace disponible à leur développement. La tache urbaine est circonscrite par les étendues d’eau (littoral ou étangs) et les activités industrielles.
Port-de-Bouc se distingue car la commune est encadrée, au nord, par un ensemble de collines qui ont offert de nouvelles opportunités foncières. Les évolutions les plus notables se sont réalisées sur ces collines. Les modes d’habiter ont évolué. Les grands ensembles collectifs ne séduisent plus et le choix se porte sur la maison individuelle.
Malgré une baisse de sa population (17 529 habitants en 2006 contre 16 693 en 2020*), l’habitat pavillonnaire s’est largement diffusé sur les collines de Saint-Jean au détriment des parcelles cultivées ou en prairies, se rapprochant également des espaces boisés de Castillon. Cette proximité fait peser un risque sur les espaces forestiers, pour les riverains mais aussi pour les boisements eux-mêmes. Pour preuve, le feu qui a touché la forêt de Castillon en août 2020 était aux portes des habitations. La diffusion de l’habitat à proximité des forêts augmente le risque pour les riverains et leurs biens mais aussi celui d’accident domestique se propageant en feu de forêt.
Fos-sur-Mer a connu une légère augmentation de sa population, passant de 15 734 habitants en 2006 à 15 783 en 2020*. Cette très faible augmentation n’a pas empêché la consommation d’espaces encore libres au cœur du tissu urbain (au nord de la commune, le long de la RN569).
* source INSEE 2006 avec mise à jour en 2009 et chiffres de décembre 2020
L’activité agricole est, pour cette unité paysagère, plus que résiduelle. Seules quelques parcelles sont maintenues en vignes sur le plateau de Castillon, au nord de Port-de-Bouc et d’autres en prairie.
Beaucoup de surfaces agricoles ont été dévolues à l’urbanisation.
La RN568 a capté une multitude d’activités le long de son tracé depuis la zone des Vallins au nord de Fos-sur-Mer. Ces zones s’étirent de part et d’autre de l’axe routier dans ce qui ressemble avant tout à un opportunisme foncier. Les formes rudimentaires s’alignent et affichent des couleurs disparates et vives.
Elles s’accompagnent de panneaux indicateurs et publicitaires. Au nord-est de Fos-sur-Mer, le long de la RN569, une nouvelle zone d’activités s’est créée (ZA de Lavalduc).
Port-de-Bouc dispose, depuis la fin des années 1960, de sa zone industrielle (ZI la Grand’Colle) qui rassemble des structures manufacturières de taille moyenne.
Ces zones sont, ici encore, dénuées de toute composition et chaque bâtiment affiche une couleur qui lui est propre dans un matériau très souvent rudimentaire. Il s’entoure de zones de stockage et/ou de stationnement avec une absence totale de traitement.
Ces zones répondent à la seule logique fonctionnelle.
C’est indéniablement l’activité qui a transformé de façon notable les paysages du golfe de Fos. Les activités sidérurgiques sont encore dynamiques. Le géant mondial de la métallurgie voit son activité reprendre en 2021. De nouveaux terminaux ont été créés dans la zone portuaire de Fos-sur-Mer, le long de la darse n°2.
Ces bassins ouest du Grand Port Maritime de Marseille (les bassins est sont ceux de Marseille) occupent près de 10 000 ha et sont dédiés au trafic international (en particulier avec l’Extrême Orient et l’Amérique du Nord), avec ses terminaux conteneurs, pétroliers, minerais et roulage. Le site de Lavéra se situe à l’entrée du chenal de Caronte, ouvrage qui assure la liaison vers l’étang de Berre et ses activités industrielles.
Le transport maritime de marchandises est un vecteur essentiel du dynamisme économique départemental. Avec lui, l’activité logistique est en pleine expansion. Elle porte environ 40 000 emplois dont près de 12 000 pour la logistique portuaire*. Le développement du trafic maritime mondial, et plus précisément celui méditerranéen (+40 %) place le port de Marseille dans une position stratégique. Il est encore en 2021 le premier port de France et de Méditerranée.
Les effets de l’activité industrielle ne sont pas que paysagers. La pollution de l’air, le développement des structures et infrastructures connexes ont des impacts sur les paysages et le cadre de vie des riverains.
L’augmentation du transport maritime de marchandises enclenche le développement de grandes zones logistiques (Saint-Martin-de-Crau, Clésud à Miramas entre autres, unité paysagère de la Crau) et l’augmentation du trafic routier qui nécessite de nouveaux axes routiers.
Le potentiel éolien et solaire est élevé et les surfaces industrielles ont été mises à profit. L’unité paysagère du Golfe de Fos porte plusieurs parcs éoliens majeurs à l’échelle du département. Les éoliennes se sont inscrites dans le tissu industriel ou le long du canal du Rhône à Fos-sur-Mer. En 2021, un débat public a été lancé pour le développement du projet de parc éolien offshore au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, à l’issue duquel l’expérimentation a été autorisée. Une ferme pilote serait ouverte en 2023, suivie par l’ouverture de deux parcs d’envergure d’ici la fin des années 2020. Le 28 octobre 2021, le préfet des Bouches-du-Rhône a donné son aval au projet, signant une dérogation au titre des espèces protégées et des sites Natura 2000.
Les toitures des installations industrielles et portuaires sont mises à contribution pour le solaire.
Prolongement autoroutier de l’A55 de Martigues à Fos-sur-Mer. En cours. Voie de contournement de Port-de-Bouc vers les salins de la Marronède. Non réalisée.
Création programmée de la ZAC du Caban, extension de la zone industrialo- portuaire vers le nord avec prolongement de la grande darse de Fos-sur-Mer. Réalisée.
Parc éolien de Port-Saint-Louis du-Rhône avec 12 éoliennes en construction. 25 éoliennes le long du canal.
Projet “Opale” : parcs éoliens dans la zone industrialo-portuaire sur les sites du Caban, de la Fossette, de la Feuillade, du Ventillon, du Tonkin. Réalisé en partie.
Projet de port méthanier. Réalisé à Cavaou, Fos-sur-Mer.
Variante Sud du projet de dérivation vers le Rhône du canal EDF de Saint-Chamas. Non réalisée.
Les évolutions constatées permettent d’établir les enjeux. Les enjeux sont les aspects des évolutions qui préoccupent les acteurs du territoire, les gestionnaires et/ou les populations.
La grande ouverture du paysage et sa planéité lui confèrent une forte sensibilité visuelle. Tout aménagement ou toute construction élevée sur cette horizontale est très visible, comme l’atteste la forte perception visuelle des installations industrielles.
Le Guide Éolien PACA a inscrit :
L’interpénétration des secteurs résiduels des étangs, des anciens salins et des sansouires avec les espaces industriels crée des effets de contrastes caractéristiques du paysage du golfe de Fos. L’ouverture du paysage, avec ses panoramas étendus, met en valeur les franges des espaces aménagés. Les évolutions des espaces sur ces franges présentent ainsi un enjeu paysager majeur.
En marge de la Camargue, les franges de l’unité au sud-ouest comme au nord présentent un intérêt écologique de premier ordre avec en particulier une riche avifaune. Les theys et les étangs sont des espaces fragiles, en équilibre précaire entre la mer, l’embouchure du fleuve et la terre. Ces espaces sont très sensibles à la surfréquentation.
La nature et la densité de cette occupation « sauvage » dépassent la capacité d’intégration des sites fragiles des theys. Cette occupation prend des proportions inquiétantes l’été avec le développement du caravaning et du camping sauvage sur la plage : surfréquentation accompagnée de piétinement, problèmes d’assainissement, de pollution organique et de pollution visuelle… Les conflits résultants ont nécessité différentes actions de l’État pour limiter leur développement et supprimer les plus problématiques.
La vocation première de l’unité paysagère du Golfe de Fos est industrielle et portuaire. Les nouvelles installations s’inscrivent dans une enveloppe existante. Les paysages se transforment avec l’apparition de nouveaux motifs (grues, empilement de conteneurs…) mais tous appartiennent à ce vocabulaire industriel et portuaire qui a ses propres qualités.
Le développement industriel induit de nouvelles infrastructures, notamment routières, qui auront des impacts sur les paysages. Le projet de liaison entre Fos-sur-Mer et Salon-de-Provence traversera la plaine de la Crau. Les impacts de ces activités sont autant sur les paysages que sur les personnes en raison de la pollution qu’elles génèrent.
Les enjeux se portent sur les transformations qui leur seront imposées, relatives à la transition écologique et au changement climatique. Certaines entreprises ont été condamnées suite à des émissions polluantes.
Elles sont contraintes à prendre les mesures nécessaires de lutte contre la pollution et se sont engagées à atteindre la neutralité carbone en 2050. Il y a les émissions polluantes directement issues de leurs productions mais s’y rajoutent celles des transports maritimes et routiers.
La désindustrialisation (Azurchimie à Port-de-Bouc par exemple). crée encore des friches industrielles à dépolluer.
L’urbanisation des commune de Fos-sur-Mer et Port-de-Bouc est pour beaucoup contrainte par des éléments intangibles : littoral, marais et zone industrialo-portuaire. Les communes ont, dès les années 1950, occupé une grande partie de leur foncier.
Si Fos-sur-Mer a occupé la capacité maximum que son territoire lui offre, Port-de-Bouc possède encore des réserves foncières sur les collines de Saint-Jean et des Termes. Le Plan Local d’Urbanisme de la ville maintient à l’urbanisation les espaces encore libres. C’est ainsi que la tache urbaine va continuer à se diffuser dans une logique d’opportunités foncières. Le développement observé entre 2006 et 2021 montre une urbanisation qui s’opère sous forme de cellules pavillonnaires indépendantes les unes des autres. Ce processus déconstruit la trame urbaine et rend confuse la lecture de l’enveloppe urbaine.
L’extension et/ou la création des zones d’activités est un processus encore en cours. Leur développement répond aux besoins d’accueillir des activités artisanales, d’offrir des emplois et à la nécessité d’une offre commerciale fournie pour les populations. Mais le préjudice porté aux paysages tient dans l’absence de qualité architecturale et de gestion économe du foncier. Les installations répondent avant tout à des impératifs de fonctionnalité.
Les milieux humides du Golfe de Fos ont payé un lourd tribu suite à l’industrialisation. Plusieurs marais ont été asséchés. Mais leur valeur paysagère et écologique est aujourd’hui reconnue. Plusieurs outils réglementaires ont été mis en place pour assurer leur préservation et leur gestion : zonages PLU, zone Natura 2000 (FR9312015, Étangs entre Istres et Fos) pour l’étang de l’Estomac et les salins de Fos-sur-Mer.
Ces milieux humides ont aussi une valeur paysagère. Ils sont le socle du vieux village de Fos-sur-Mer, paysages incongrus au cœur des masses industrielles. Les rives de l’étang de l’Estomac offrent un cadre de vie agréable aux riverains.
Le Golfe de Fos c’est aussi un littoral dont la diversité des faciès est d’une rare richesse : plage de sable, dunes, criques et petites falaises. Longtemps les communes, plus particulièrement Port-de-Bouc, ont occulté leur façade maritime associée à une activité industrielle plus qu’à celle de loisirs. Aujourd’hui la commune mise sur ce capital naturel pour développer une activité touristique. Des aménagements valorisent ces espaces balnéaires et engagent la commune dans une nouvelle économie.
Assurer un traitement qualitatif des abords (parkings, aires de stockage et de manutention) et des interfaces.
Travailler les marges de recul tout en conciliant le besoin d’être vu.
Gérer la signalétique (enseignes et pré-enseignes, panneaux publicitaires), par un Règlement Local de Publicité.
Avoir une exigence architecturale pour les bâtiments afin d’éviter le prototype et concilier les chartes des enseignes.
Structurer le développement des plateformes logistiques, des installations industrielles et portuaires à travers une réflexion sur l’organisation spatiale pour éviter la juxtaposition de volumes monumentaux, la recherche de respiration avec le maintien d’espaces non imperméables et végétalisés, la composition de structures paysagères à l’échelle de ces zones.
Tenir compte des impacts sur les paysages : impact visuel des alignements d’éoliennes.
Encourager le solaire en toiture.
Composer avec des paysages très anthropisés comme les sites industriels.
Tendre vers l’enfouissement des lignes HT et THT les plus prégnantes dans les perceptions : en crête, en plaine…
Avoir une gestion économe des sols et encourager des formes urbaines compactes.
Limiter l’effet « mitage » des collines en pensant densité et forme.
Assurer l’inscription des nouvelles constructions dans la pente pour éviter des terrassements « cicatrices ».
Promouvoir une qualité architecturale conforme à l’identité locale pour éviter la répétition d’un modèle standardisé.
Assurer la continuité avec la trame urbaine existante et penser des espaces publics continus comme élément de structure urbaine (rues, places, évasement…) et non en « poches » (voies en boucle).
Composer les façades des nouvelles rues.
Aménager les interfaces avec les milieux forestiers pour assurer leur préservation et limiter les risques pour les biens et les personnes.
Assurer l’entretien des ouvrages nécessaires à leur fonctionnement : digues, martelières, canaux.
Maintenir / composer une zone tampon entre milieux humides et urbanisation
Proscrire toute action d’assèchement à des fins d’urbanisation.
Valoriser les espaces littoraux : accès aux populations, organiser les aires d’accueil, gérer le stationnement…
Anticiper les effets du changement climatique et s’en préserver : submersion des zones côtières, érosion des côtes, coups de mer…
Ne pas surdimensionner les voies
Adapter les gabarits aux usages.
Veiller à la qualité des ouvrages connexes : voies d’insertion, giratoires, murs anti-bruit, équipements de protection…
Encourager des accotements enherbés.
Protéger les alignements d’arbres et engager leur replantation en cas d’abattage.
Envisager des espèces alternatives au platane en anticipant le changement climatique et en considérant le sol.
Qualifier le paysage des routes en mettant en scène les paysages traversés : axes de vue, cadrages, alignements…
Conforter le rôle de la route dans sa fonction de découverte des paysages.
Assurer un traitement qualitatif des abords (parkings, aires de stockage et de manutention) et des interfaces.
Travailler les marges de recul tout en conciliant le besoin d’être vu.
Gérer la signalétique (enseignes et pré-enseignes, panneaux publicitaires), par un Règlement Local de Publicité.
Avoir une exigence architecturale pour les bâtiments afin d’éviter le prototype et concilier les chartes des enseignes.
Structurer le développement des plateformes logistiques, des installations industrielles et portuaires à travers une réflexion sur l’organisation spatiale pour éviter la juxtaposition de volumes monumentaux, la recherche de respiration avec le maintien d’espaces non imperméables et végétalisés, la composition de structures paysagères à l’échelle de ces zones.
Tenir compte des impacts sur les paysages : impact visuel des alignements d’éoliennes.
Encourager le solaire en toiture.
Composer avec des paysages très anthropisés comme les sites industriels.
Tendre vers l’enfouissement des lignes HT et THT les plus prégnantes dans les perceptions : en crête, en plaine…
Avoir une gestion économe des sols et encourager des formes urbaines compactes.
Limiter l’effet « mitage » des collines en pensant densité et forme.
Assurer l’inscription des nouvelles constructions dans la pente pour éviter des terrassements « cicatrices ».
Promouvoir une qualité architecturale conforme à l’identité locale pour éviter la répétition d’un modèle standardisé.
Assurer la continuité avec la trame urbaine existante et penser des espaces publics continus comme élément de structure urbaine (rues, places, évasement…) et non en « poches » (voies en boucle).
Composer les façades des nouvelles rues.
Aménager les interfaces avec les milieux forestiers pour assurer leur préservation et limiter les risques pour les biens et les personnes.
Assurer l’entretien des ouvrages nécessaires à leur fonctionnement : digues, martelières, canaux.
Maintenir / composer une zone tampon entre milieux humides et urbanisation
Proscrire toute action d’assèchement à des fins d’urbanisation.
Valoriser les espaces littoraux : accès aux populations, organiser les aires d’accueil, gérer le stationnement…
Anticiper les effets du changement climatique et s’en préserver : submersion des zones côtières, érosion des côtes, coups de mer…
Ne pas surdimensionner les voies
Adapter les gabarits aux usages.
Veiller à la qualité des ouvrages connexes : voies d’insertion, giratoires, murs anti-bruit, équipements de protection…
Encourager des accotements enherbés.
Protéger les alignements d’arbres et engager leur replantation en cas d’abattage.
Envisager des espèces alternatives au platane en anticipant le changement climatique et en considérant le sol.
Qualifier le paysage des routes en mettant en scène les paysages traversés : axes de vue, cadrages, alignements…
Conforter le rôle de la route dans sa fonction de découverte des paysages.
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