Le massif de la Montagnette est une émergence calcaire au milieu des plaines alluviales du Rhône et de la Durance.
Le massif de la Montagnette est une émergence calcaire au milieu des plaines alluviales du Rhône et de la Durance.
Ce petit massif calcaire, ne dépassant pas les 168 m à son point culminant, sépare la plaine du Comtat à l’est de la vallée du Rhône à l’ouest.
C’est un massif essentiellement occupé par des pinèdes. Si son altitude est faible, son relief n’en est pas moins tourmenté. Seuls quelques fonds plats de vallons ont permis une occupation humaine et une mise en culture des sols. La succession de petits sommets, de falaises et collines aux pentes abruptes compose un relief compact. Quand la topographie en donne les opportunités, l’agriculture s’est développée sur les fonds des petits vallons ou plateaux intérieurs comme aux Bouisses sur la commune de Boulbon ou au lieu-dit l’Étang à Barbentane.
C’est au cœur du massif que s’est installée au XIe siècle l’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet, d’abord simple prieuré. Entouré de ses collines, le lieu isolé convenait sans doute à cette communauté de chanoines inspirée de l’ordre des cisterciens et de leurs vœux de dépouillement et de simplicité. Saint-Michel-de-Frigolet est une des deux seules abbayes de France de l’ordre des Prémontrés qui place la contemplation et l’action de prêche comme règles de leur vie religieuse.
Le massif calcaire de la Montagnette apparaît, telle une île dans la plaine de Maillanne, non loin du confluent du Rhône et de la Durance.
Le relief est tourmenté : des falaises abruptes surmontent de profonds vallons et des cuvettes cultivées.
Le paysage est sec. Rochers, garrigues et pinèdes, champs d’oliviers et d’amandiers contrastent avec la trame régulière des haies de cyprès des plaines irriguées des alentours.
Montagnette… petite montagne à l’ouest et en bordure du Rhône, longue ondulation qui interrompt la plaine de Maillane au couchant. Elle apparaît, ocre et aride, en toile de fond au travers des alignements de cyprès. Cette présence est accentuée par une topographie massive qui semble un îlot naturel entre Avignon et Tarascon. Attrait de l’ombrage des pins, à l’odeur tenace sous l’écrasant soleil d’été. Désert minéral des versants et des falaises. Havre habité des dieux, ponctué d’oratoires, de chapelles. Magie de l’abbaye de Frigolet, lieu symbolique, de forte appropriation collective comme une oasis spirituelle et dominicale.
La Montagnette fait partie des lieux magnifiés par Frédéric Mistral, le “voisin de Maillane” qui fut collégien à Saint-Michel-de-Frigolet. Alphonse Daudet situe “L’Elixir du Père Gaucher” dans l’abbaye de Frigolet. Marie Mauron évoque de façon saisissante le massif dans “Frigolet, cœur de notre Palestine” – 1965
“Je lui montrai à mon midi la chaîne des Alpilles.(…) Je fis demi-tour plus à l’ouest et lui montrai une autre chaîne agenouillée de même dans le nimbe du Rhône qui se dorait comme le fond d’un primitif”.
“La Montagnette (…) suit le fleuve depuis sa sortie d’Avignon et l’abandonne là, au bord du delta, sans cesser de le suivre amoureusement du haut de ses pitons où méditent de grands cyprès et où les pins chantent l’antienne…”
“Ce paysage est pur comme ceux des plus pures des fresques. Il est juste au sens musicien du mot. Et par quels moyens dépouillés il arrive à cette maîtrise ! (…) Pauvre et stérile au temporel, cette terre-là est prédestinée, vouée à la seule beauté (…)”
Dès 1905, depuis le Mas de Martin à Graveson, Auguste Chabaud peint inlassablement la Montagnette, en touches de couleurs vives, exaltant la lumière par des à-plats de ciel bleu de Prusse qui contrastent avec le blanc pur des calcaires…
Les sous-unités paysagères individualisent des paysages qui composent une unité paysagère et font valoir des spécificités au sein de l’unité.
Les sommets du massif et leurs contreforts couvrent la moitié sud de l’unité de paysage et constituent l’épine dorsale du relief. Ces espaces naturels, arides et désertiques sont couverts de garrigue et de pinède en particulier autour de Frigolet, tandis que les piémonts sont plantés d’oliviers et de vergers. L’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet est le cœur spirituel de la Montagnette. D’anciennes gravières ont bouleversé le vallon des Aréniers à l’est.
La sous-unité se décline en microsites aux ambiances et aux paysages contrastés :
Le bassin des Carrières, la plaine de la Montagne, le bassin des Bouisses et celui de Saint-Julien sont des dépressions internes cultivées, représentatives des paysages du terroir sec méditerranéen. Les reflets gris-vert des oliviers se mêlent à la dentelle des amandiers et aux stries régulières des vignes.
Elles forment une petite entité paysagère tournée vers Avignon et organisée autour du village de Barbentane. Deux échancrures les séparent du cœur du massif :
A l’est de Barbentane, ces collines boisées se terminent en falaises abruptes au-dessus de la plaine du Comtat. A l’ouest, la colline de Cadeneau, le mont de Rouchon et le plateau des Espidègles se distinguent du reste du massif.
L’érosion différentielle a dégagé ce relief appalachien d’un horst calcaire très tectonisé. Une crête d’orientation nord-est à sud-ouest réunit les points culminants San-Salvador (161 mètres), Moure-Savoyard (158 mètres), Rocher-du-Raous (167 mètres) et le Rocher-Troué (162 mètres).
Abrupts rocheux, falaises, plateaux et moutonnements des versants régulièrement entaillés de nombreux vallons encaissés fondent la particularité de cette unité karstique.
La forêt originelle de chênes verts a été amoindrie maintes fois par les incendies ; il n’en reste que quelques bouquets. La garrigue à chênes kermès prédomine de Boulbon à Gratte-Semelle au cœur du massif et sur le versant sud-est à Graveson. Des faciès particuliers sont déterminés par la présence du genêt scorpion, du thym, du buis, des cistes et du romarin. Le genévrier de Phénicie apparaît sur les lignes de crête. Au pied des falaises se développent de belles formations de ripisylve à peupliers blancs. La pinède d’Alep caractérise le site de Frigolet. Elle joue un rôle important dans l’ambiance paysagère du massif malgré les incendies.
À l’intérieur du massif, les terres cultivées sont exiguës, cernées par les versants de garrigue ou de pinède toujours proches. Le paysage rural ne prend de l’ampleur que sur les terrasses périphériques qui annoncent les riches plaines voisines. Les cuvettes intérieures sont occupées par des cultures sèches. Elles abritent sur un petit parcellaire les reflets gris-verts des oliviers. Quelques cyprès entourent les mas. Les terroirs du mas du Grès et du quartier de Gaffin à Boulbon sont irrigués par le canal du Gaudre et se différencient par leur mosaïque de maraîchage et de vergers. Les éboulis décomposés et mélangés de « terra rosa » du piémont périphérique portent une ceinture de cultures sèches de vergers d’amandiers, d’abricotiers et de cerisiers illuminant le paysage printanier. S’y mêlent quelques vignes et des oliviers. De rares mas sont implantés en limite des cuvettes cultivées et de la garrigue des piémonts.
L’empreinte du sacré dans le paysage est constante: Des croix et des oratoires ponctuent chemins et carrefours, des chapelles jalonnent les versants et les belvédères sur la plaine (Saint-Julien, Saint-Marcellin, Saint-Victor, Saint-Bonnet…) sans oublier au cœur du massif l’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet. L’occupation humaine du massif est étroitement liée au prieuré.
Ajoutées à cela, la majesté des paysages et la sérénité trouvée à quelques lieues de l’agitation urbaine qui confèrent aux lieux une qualité rare, celle d’un havre de paix, de retraite et de méditation.
L’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet est nichée sur un replat en pente douce, au cœur du massif. Ses flèches et clochetons se détachent de la garrigue des sommets. Etape du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, l’église initiale du XIIe siècle a été intégrée au XIXe siècle dans un ensemble néo-gothique. Clochers aigus, tourelles, faux bastions et murs à créneaux enserrent les constructions qui comprennent une ferme, des ateliers et une hostellerie. L’insertion de cet ensemble dans son site revêt un charme désuet émouvant.
Barbentane et Boulbon sont les deux seuls villages de la Montagnette. Ils sont implantés sur les rebords du massif. Barbentane domine la confluence Rhône-Durance à proximité d’Avignon. Ce gros bourg agricole s’adosse au premier ressaut nord de la Montagnette et est veillé par un haut donjon escorté d’oliviers. Boulbon, village agricole au pied de collines parfumées, est dominé par les ruines d’une imposante forteresse gardant jadis la frontière de la Provence.
Les excavations pour l’exploitation de calcaires durs ont entaillé les versants du Défens et de Brun sur la commune de Boulbon. Les éboulis présents sur le piémont sud ont alimenté des gravières, depuis Gratte-Semelle jusqu’au mont des Cigales et dans le vallon des Aréniers à Graveson. Les sites excavés, puis abandonnés jalonnent la terrasse de piémont et les vallons attenants. Certains ont été remis en culture.
Le relief présente une succession de crêtes érodées et de dépressions intermédiaires. La partie nord offre des secteurs de plateaux entrecoupés de vallons.
Son couvert végétal est constitué d’une mosaïque de zones rupestres, de garrigues à romarin et à chêne kermès (Quercus coccifera) et de pinèdes à pin d’Alep (Pinus halepensis).
Les pelouses sèches de ce massif accueillent d’intéressantes populations de dipcadi tardif (Dipcadi serotinum), espèce protégée, en limite orientale de son aire de répartition. Le vallon des Areniers abrite dans le sable d’anciennes carrières une plante rare et protégée : le corisperme de France (Corispermum gallicum).
Les vallons, plus frais et plus humides voient le développement du chêne vert (Quercus ilex), du chêne pubescent (Quercus pubescens) et de l’érable de Montpellier (Acer monspessullanum).
Les secteurs rupestres (parois, croupes rocheuses, éboulis) hébergent une flore et une faune spécifiques mais ce sont surtout les nombreuses parcelles agricoles traditionnelles qui sont remarquables en piémont et sur les plateaux. On y trouve de nombreuses plantes messicoles comme Biforia radians, Adonis annua ou Platycapnos spicata. Certaines parcelles sur les piémonts de Graveson abritent la très rare tanaisie annuelle (Vogtia annua), plante d’affinité ibérique.
Enfin, ses milieux agricoles sont également favorables aux oiseaux insectivores comme le guêpier d’Europe (Merops apiaster) ou le rollier (Coracias garrulus).
• Les atouts
• Les fragilités
• Carte des infrastructures
Les parcours se déroulent sous le couvert des boisements de pins et de chênes verts. Quand celui-ci s’interrompt, les vues s’ouvrent sur les oliveraies et les prairies.
La RD35E, depuis Barbentane, donne à découvrir la mosaïque agricole au cœur de ce petit massif boisé. La RD81 est plus fréquemment forestière.
L’ensemble du massif est ensuite parcouru de nombreux chemins et pistes.
Les horizons du massif sont hérissés des pylônes des lignes Haute-Tension qui se croisent dans l’emprise de l’unité paysagère.
Un projet de parc photovoltaïque est signalé à Gratte-Semelle
Les évolutions constatées permettent d’établir les enjeux. Les enjeux sont les aspects des évolutions qui préoccupent les acteurs du territoire, les gestionnaires et/ou les populations.
Le site sacré de Saint-Michel-de-Frigolet.
Son paysage est une conjugaison des images traditionnelles de la campagne et de la colline avec
La Montagnette est posée comme une île entre la vallée du Rhône et la plaine du Comtat. Elle constitue l’horizon fortement perçu depuis ces espaces plans.
Il faut noter que le Guide Éolien PACA a inscrit en zone de sensibilité majeure l’ensemble de l’unité de paysage : l’implantation de parcs éoliens est a priori incompatible avec ces espaces.
Bien que l’agriculture soit peu présente en termes de surface, son rôle est majeur dans l’entretien des paysages et dans le maintien de la qualité paysagère des vallons et des plateaux.
Les oliveraies sont un des motifs paysagers qui construisent la particularité paysagère de la campagne provençale.
Relativement épargnés par les incendies, ces espaces n’en portent pas moins d’enjeux. Ils font l’identité paysagère du massif de la Montagnette. Son paysage remarquable de collines provençales compose les horizons et le cadre paysager de la vallée du Rhône et de la plaine du Comtat. On devine aisément les impacts sur ces paysages du passage du feu qui transformerait radicalement les ambiances paysagères.
Le développement de la production d’énergie solaire porte préjudice à l’homogénéité des ensembles forestiers.
L’activité touristique participe à la vitalité d’un territoire. Elle est ici essentiellement portée par l’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet mais les risques que peut faire peser une trop grande fréquentation sont aussi connus.
Des sentiers de randonnée parcourent le massif. Ils peuvent être l’occasion de stationnement sauvage. Il n’existe pas réellement de zones de parking pour les randonneurs. L’accueil de visiteurs implique la réalisation d’équipements notamment des aires de stationnement aux abords des lieux visités. Dans les espaces naturels, l’information est aussi importante notamment quant au respect des milieux et habitats naturels. Le massif de la Montagnette ne subit pas les dégradations d’une trop grande fréquentation mais cela n’exonère pas d’une vigilance et d’une sensibilisation auprès des populations.
* selon la méthodologie des atlas des paysages 2017
Limiter l’effet « mitage » des boisements en pensant densité et forme.
Promouvoir une qualité architecturale conforme à l’identité locale pour éviter la répétition d’un modèle standardisé.
Aménager les interfaces avec les milieux forestiers pour assurer leur préservation et limiter les risques pour les biens, les personnes.
Éviter des formes, des matériaux et des couleurs étrangers aux palettes locales.
Aider les éleveurs en place et accompagner les nouveaux projets.
Créer de nouvelles zones de parcours.
Faciliter la mise en place d’équipements/bergeries…
Encourager une agriculture diversifiée qui participe à la multiplicité des paysages.
Soutenir l’agriculture de proximité en faveur de la reconstitution des circuits courts, pour favoriser les pratiques extensives respectueuses de l’environnement.
Encourager la reconversion de friches en cultures.
Accompagner les équipements nécessaires à l’activité agricole : hangars, serres… dans leur forme, dimensions, matériaux…
Encourager la réhabilitation des bâtiments d’exploitation traditionnels et la préservation des petits éléments : puits, cabanons, murs en pierre…
Organiser et gérer l’accueil des visiteurs.
Veiller à des aménagements de lutte contre les incendies intégrés au paysage : pistes DFCI, citernes…
Encadrer et veiller à l’entretien des forêts privées.
Privilégier l’accès aux espaces de loisirs par des moyens alternatifs à la voiture : modes doux, navettes… pour limiter les besoins en aires de stationnement notamment.
Informer et sensibiliser les usagers sur les préjudices liés à des pratiques inadaptées et les « bonnes conduites » à avoir, notamment sur le risque incendie.
Tenir compte des impacts sur les paysages : déboisement pour l’implantation de fermes photovoltaïques.
Développer et encourager le solaire en toiture.
Tendre vers l’enfouissement des lignes HT et THT.
Engager la reconversion des zones d’extraction et des décharges : dépollution et renaturation en priorité avant tout changement de vocation.
Limiter l’effet « mitage » des boisements en pensant densité et forme.
Promouvoir une qualité architecturale conforme à l’identité locale pour éviter la répétition d’un modèle standardisé.
Aménager les interfaces avec les milieux forestiers pour assurer leur préservation et limiter les risques pour les biens, les personnes.
Éviter des formes, des matériaux et des couleurs étrangers aux palettes locales.
Aider les éleveurs en place et accompagner les nouveaux projets.
Créer de nouvelles zones de parcours.
Faciliter la mise en place d’équipements/bergeries…
Encourager une agriculture diversifiée qui participe à la multiplicité des paysages.
Soutenir l’agriculture de proximité en faveur de la reconstitution des circuits courts, pour favoriser les pratiques extensives respectueuses de l’environnement.
Encourager la reconversion de friches en cultures.
Accompagner les équipements nécessaires à l’activité agricole : hangars, serres… dans leur forme, dimensions, matériaux…
Encourager la réhabilitation des bâtiments d’exploitation traditionnels et la préservation des petits éléments : puits, cabanons, murs en pierre…
Organiser et gérer l’accueil des visiteurs.
Veiller à des aménagements de lutte contre les incendies intégrés au paysage : pistes DFCI, citernes…
Encadrer et veiller à l’entretien des forêts privées.
Privilégier l’accès aux espaces de loisirs par des moyens alternatifs à la voiture : modes doux, navettes… pour limiter les besoins en aires de stationnement notamment.
Informer et sensibiliser les usagers sur les préjudices liés à des pratiques inadaptées et les « bonnes conduites » à avoir, notamment sur le risque incendie.
Tenir compte des impacts sur les paysages : déboisement pour l’implantation de fermes photovoltaïques.
Développer et encourager le solaire en toiture.
Tendre vers l’enfouissement des lignes HT et THT.
Engager la reconversion des zones d’extraction et des décharges : dépollution et renaturation en priorité avant tout changement de vocation.
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