Une lecture de l’histoire du département au travers de ses formes, de ses caractères et ses évolutions.
Une lecture de l’histoire du département au travers de ses formes, de ses caractères et ses évolutions.
Il en résulte que ces noyaux urbains sont fortement marqués par l’histoire, et que les centres anciens et historiques représentent un type de paysage anthropisé du département, réparti en :
Les silhouettes de ces formes urbaines sont lisibles à l’échelle du grand paysage, ce qui explique que les centres historiques sont constitutifs de l’identité du département. Le patrimoine architectural et urbain remarquable qui s’y déploie détient une valeur culturelle parce qu’il témoigne de l’histoire locale ou d’une étape importante de l’évolution urbaine. Sa préservation, sa mise en valeur ou du moins sa considération dans la mise en œuvre de projets urbains sont des enjeux essentiels pour l’orientation des politiques d’aménagement du territoire actuelles.
Valeur et caractérisation de l’espace des villes : évolution de la centralité, formes urbaines et caractères architecturaux sont liés au thème de la ville dans sa dimension historique (Compte-rendu de l’atelier n°3)
Pratiquement tous les échanges sur les paysages de la ville font référence au centre-ville historique comme critère essentiel de centralité, avec l’existence du patrimoine bâti qui l’accompagne (églises, bâtiments ancien…).
La rénovation des centres-villes historiques et de leur bâti, ou encore la piétonnisation et la végétalisation des espaces publics existants sont des marqueurs de l’évolution récente des villes.
Le désenclavement des centres-villes historiques est un enjeu identifié pour la ville et ses usages.
Un grand nombre de centres urbains du département témoignent d’occupations humaines anciennes, et au travers des vestiges celto-ligures des Salyens de Provence (regroupant des peuples fédérés tels que les Ségobriges à Marseille ou les Avatiques à Martigues) qui font remonter ces installations au VIe siècle av. J.-C.
Les oppida protohistoriques qui en sont les témoins, caractérisés par des fortifications de l’Âge du Fer et une organisation urbaine autour d’axes de circulation périphériques, parallèles aux remparts, sont rarement situées au cœur des centres historiques actuels, mais plutôt à quelques kilomètres sur des hauteurs. Les principaux sites sont :
Cette période d’édification n’est donc pas lisible dans la forme urbaine des grands centres historiques d’aujourd’hui. Mais l’ensemble de ces oppida a constitué le contexte urbain de la colonisation grecque puis romaine, et donc influencé, indirectement, la formation des centres urbains antiques qui quittent les hauts lieux pour se rapprocher des routes et des terres cultivables. Les villages perchés restent les centres historiques qui conservent le mieux la trace de l’installation des oppida.
La fondation de Massalia par les Phocéens en 600 av. J.-C résulte de la volonté d’établir des comptoirs (emporia) sur le pourtour méditerranéen. En contrebas des oppida des Salyens, la cité s’installe sur les rives du Lacydon (le Vieux Port). L’actuel jardin des vestiges présente les traces du port antique, des fortifications hellénistiques et du plan orthogonal originel de la cité. Des permanences de ce premier tracé urbain concentrique, et particulièrement des fortifications successives, sont lisibles dans la configuration actuelle du quartier du Panier, la cité ayant d’abord pris place sur la butte Saint-Laurent, puis sur la butte des Moulins, la butte des Carmes et le secteur de la Bourse. Les habitations sont orientées sud-ouest – nord-est, orientation que l’on retrouve dans les maisons romaines, médiévales puis modernes, avant les reconfigurations du XIXe siècle, ce qui témoigne de la continuité d’un urbanisme qui s’inscrit dans le réseau archaïque des rues de la ville hellénistique.
L’importance de Massalia au IIe siècle av. J.-C se traduit par l’édification d’une fortification de calcaire rose du cap Couronne en caissons (emplekton) autour du site de 50 hectares, représentative de l’architecture militaire hellénistique. Ce type d’appareillage se retrouve dans plusieurs cités fortifiées voisines soulignant l’influence de la chora massaliète sur son arrière pays. De manière croissante depuis le VIe siècle av. J.-C la stratégie commerciale des Massaliotes favorise l’émergence d’habitats nouveaux, pratiquement toujours fortifiés, perchés ou en plaine, qui préfigurent les futurs centres historiques des pôles urbains de la basse vallée du Rhône (Martigues, Roquepertuse et, plus loin, Arles (Théliné). Cette période marque le renforcement (Entremont, Sainte-Blaise, Arles et Glanum), la restructuration (Baou Saint-Marcel, la Cride à Peypin, la Teste de l’Ost à Mimet), ou la disparition (Verduron, Teste-Nègre, Le Baou-Roux, la Cloche aux Pennes Mirabeau) des sites celto-ligures en réaction à la colonisation. Les réalisations urbanistiques et architecturales présentent des spécificités grecques : bâtiments publics (agora, théâtre, sanctuaires), organisation axiale avec circulation vers le centre.
La colonisation grecque marque particulièrement Marseille et le bassin de l’Huveaune. Dans ces territoires, la ville romaine se constitue sur la ville grecque. A Marseille par exemple, le Forum s’installe sur l’actuelle place de Lenche, là où se trouvait auparavant l’Agora. Les Massaliotes, en sollicitant le renfort des romains dans la lutte contre les indigènes celto-ligures à partir du IIe siècle av. J.-C, puis contre les Cimbres et Teutons à la fin du IIe siècle av. J-C, favorisent la conquête romaine de l’ensemble de la Provence : c’est l’origine de l’urbanisation romaine qui marque encore fortement la configuration des centres historiques des grands pôles urbains du département actuel, particulièrement aux abords de la via Aurelia :
La forme urbaine caractéristique qui en ressort, encore perceptible dans les tissus urbains actuels des centres-villes historiques, est le système du quadrillage de rues orientées selon les axes du « cardo » (nord-sud) et du « decumanus » (est-ouest), qui se croisent perpendiculairement et définissent l’emplacement du Forum et des édifices publics romains (cirque, actuelles arènes, théâtre, amphithéâtre). La mise en valeur du centre-ville antique fait partie des priorités de la commune : musée départemental de l’Arles Antique, PRIDES (Pôle Industrie culturel et patrimoine).
L’essor d’Arles sous domination romaine du Ier au IIIe siècle a permis l’édification de nombreux monuments, conservés au fil des siècles : cryptoportiques, alyscamps, obélisque, arc de triomphe, thermes, colonnes, remparts… Le nombre et la bonne conservation de ces vestiges participent à l’ambiance antique du centre historique, qui a été peu remanié durant la période moderne et au XIXe siècle. La mise en valeur du centre-ville antique fait partie des priorités de la commune (PADD) : théâtre et amphithéâtre, musée départemental de l’Arles Antique, PRIDES (Pôle Industries culturelles et patrimoines).
À la fin de l’Empire Romain, le territoire de l’actuel département des Bouches-du-Rhône, devenu chrétien, appartient au Royaume des Francs, d’abord marquisat puis comté de Provence, dont la capitale est Arles, puis Aix-en-Provence.
Le Moyen-Âge se traduit dans les villes antiques par une densification du tissu urbain existant, l’abandon des monuments publics, voués à la ruine, au profit de la construction d’édifices religieux qui en réutilisent les matériaux, et l’édification de nouveaux remparts qui réduisent le périmètre des cités initiales, entourant les cités perchées (castrum Babonis à Marseille, castrum des Baux et castrum des Porcelets en Arles, Bourg Saint-Sauveur à Aix-en-Provence). L’ensemble de ces transformations répond au contexte d’insécurité et de propagation d’épidémies qui caractérise la période, provoquant la réduction de la population des villes et le renforcement des fonctions défensives des centres urbains. La densification de l’habitat s’inscrit pourtant dans les tracés urbains antiques, et se retrouvent, sous les ruelles étroites et sinueuses du Moyen-Âge, les vestiges des voies romaines.
La recherche de protection face aux invasions et aux aléas climatiques génère l’apparition de nombreux castra sur des sites perchés (phénomène de l’incastellamento, cf : fiche typologique des villages perchés). Conjointement à ce phénomène, les populations réparties dans les campagnes migrent à proximité des nouveaux châteaux et églises pour bénéficier de leur protection. C’est ainsi que les seigneuries locales se sont multipliées ainsi que l’apparition des ordres mendiants urbains. Les formes urbaines résultant de ces dynamiques sont celles de tissus urbains serrés et irréguliers, groupés autour d’édifices religieux ou féodaux et fortifiés :
De la fin du Moyen-Âge au début du XIXe siècle, les centres historiques connaissent des évolutions discontinues, en fonction de périodes d’essor économique, liées au développement agricole et industriel (maritime, artisanal). La prospérité culturelle sous l’influence de la papauté, du roi René (Aix-en-Provence), de Mazarin ou de Colbert (le port franc de Marseille) est aussi à l’origine des transformations de la ville. Ces épisodes alternent avec d’importantes périodes de repli et de destructions : épidémies de peste, conflits (crise de la succession du comté de Provence, rivalités de François Ier et Charles Quint, guerres de religion, puis Révolution française).
L’époque moderne est marquée par la multiplication des constructions civiles, le principe de l’alignement des façades par rapport à l’espace public, et la construction d’hôtels particuliers (au XVIe et XVIIe siècle), qui gomment peu à peu le parcellaire antique et médiéval dans un objectif d’embellissement de la ville.
La volonté de régularisation du tracé urbain se traduit par l’agrandissement des rues médiévales et la création de rues neuves. Elle provoque l’interdiction des saillies et des encorbellements et le principe du « reculage » établi selon le tracé des « juges carreiriés » pour les propriétaires dont la maison déborde sur l’espace public. Le centre historique d’Arles en est un exemple type. À Aix-en-Provence, c’est un grand chantier de « décor urbain » : ouverture de places nouvelles (place de la Mairie, place de l’Archevêché, place d’Albertas), fontaines, perspectives (Cours Mirabeau)… « C’est la ville du grand XVIIe siècle français. Un témoin unique de la pensée inspiratrice d’un art urbain des XVIIe et des XVIIIe siècles « *
Le débordement des villes au-delà des fortifications conduit à l’élargissement du périmètre des centres urbains et à l’édification de nouveaux remparts. De nouvelles stratégies de défense des noyaux urbains, sous Vauban notamment, introduisent l’architecture militaire dans les centres urbains. À Marseille, l’édification du fort Saint-Jean et du fort Saint-Nicolas au XVIIe siècle est une véritable modification de la topographie du centre historique.
*Extrait du rapport de présentation du P.S.M.V. d’Aix-en-Provence par Messieurs Sonnier et Taupin en 1976.
La Révolution Française a contribué au démantèlement des fortifications qui contiennent les formes des centres historiques jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. C’est le point de départ du recalibrage des villes au XIXe siècle, marqué par l’ouverture, la destruction et la reconstruction des centres historiques.
L’arrivée des lignes de chemin de fer dans les centres urbains, mêlée à l’exode rural et l’industrialisation des faubourgs, engendrent une forte hausse démographique dans les centres urbains, qui s’agrandissent selon des opérations de planification urbaine :
La première moitié du XXe siècle prolonge les dynamiques du XIXe siècle, en ajoutant au développement des voies ferrées et fluviales le développement de la voiture particulière et des réseaux routiers.
Les industries prennent place le long de ces voies de communication et des polarités secondaires voient le jour en dehors des centres historiques. Le développement urbain périphérique s’accroît et, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, dans le contexte d’une forte hausse démographique, de la reconstruction et des Trente Glorieuses, alternent habitat pavillonnaire diffus et grands ensembles, qui ceinturent les centres historiques.
À l’intérieur des centres historiques eux-mêmes, le recours accru à la voiture comme mode de déplacement principal occasionne la colonisation de l’espace public par le stationnement, qui déborde sur les places, les trottoirs, et les voiries. Les sols sont imperméabilisés, les chaussées sont élargies et les espaces dédiés aux piétons deviennent plus étroits. Les transports en commun existants au début du XXe siècle sont peu à peu délaissés, notamment les tramways.
La période de la reconstruction est accompagnée par une industrialisation de l’architecture qui introduit une banalisation des centres historiques, renforcée par une évolution de l’offre commerciale qui s’homogénéise et multiplie les enseignes et devantures standardisées, participant à brouiller l’identité propre de chaque centre urbain. En contrepartie, le XXe siècle est également la période de patrimonialisation des centres historiques à travers la mise en place de l’inscription et du classement des immeubles et monuments (1913) et des zones étendues de protection, de sauvegarde et de valorisation (PSMV, ZPPAUP, AVAP, puis SPR).
Certaines opérations architecturales s’inscrivent dans le palimpseste des villes historiques et sont représentatives des mouvements architecturaux du siècle dernier : les immeubles de Fernand Pouillon à Marseille, le Palais Albert Ier, de Fernand Pouillon également à Aix-en-Provence, la cité radieuse de Le Corbusier à Marseille.
Les centres-villes historiques des Bouches-du-Rhône sont le résultat de la succession des périodes d’édifications présentées ci-avant. La stratification des morphologies urbaines types de chaque période confère à chaque centre son ambiance propre, mais les grandes évolutions de la tache urbaine de ces noyaux historiques sont comparables (ici avec le centre historique d’Aix-en-Provence) :
Les effets conjoints de la démocratisation de la voiture, du développement du réseau routier et de l’augmentation du prix du foncier en hyper-centre provoquent depuis 40 ans la dispersion de l’habitat et des activités en périphérie urbaine. Mécaniquement, les habitants s’éloignent de leurs lieux de travail et de nouvelles polarités émergent, sous la forme de Zones Industrielles, Zones Commerciales et Zones d’Activité qui concurrencent l’attractivité des centres historiques.
Cette dynamique crée des problématiques que l’on constate dans plusieurs centres historiques des Bouches-du-Rhône :
Les tissus urbains constitués qui caractérisent les villes historiques opposent aux objectifs de revitalisation des centres urbain la dureté foncière et la résistance de la trame urbaine.
Conjointement, les politiques d’inscription, de classification, ou de sauvegarde qui s’additionnent depuis le début du XXe siècle et arrivent à un point culminant dans les années 1970 participent à figer la transformation urbaine : la sédimentation des formes architecturales et urbaines s’arrête au XXe siècle, afin de conserver et mettre en valeur le patrimoine déjà présent. La porosité entre patrimonialisation et muséification participe à la dévitalisation des centres historiques, et ce paradoxe est désormais pris en compte dans les politiques de patrimonialisation :
La présence de monuments hérités du passé dans les centres historiques a généré des pratiques variées au cours des siècles : démolition et réutilisation des matériaux pour l’édification de nouveaux bâtiments, particulièrement au bénéfice de l’architecture religieuse, superposition des tissus urbains sur les vestiges existants, comme dans l’exemple de l’amphithéâtre antique d’Arles, qui abrite un tissu serré de maisons à l’époque médiévale, ou mise en valeur avec le dégagement des monuments antiques d’Arles au XVIIe siècle.*
La Révolution Française et le vandalisme associé mobilise les acteurs institutionnels en faveur de la protection de “ce qui fait mémoire” (monumentum : se remémorer). Les premiers inventaires des monuments historiques sont lancés par l’État au XVIIIe siècle, dans un objectif de sauvegarde. Au XIXe siècle, le poste d’inspecteur général des monuments historique et la commission des monuments historiques voient le jour. Une première loi en 1887 permet de définir l’organisation administrative de la conservation des monuments, avec la création d’un corps d’architectes spécialisés. La reconnaissance publique se concrétise en 1913 avec la loi sur les monuments historiques, constituant une servitude d’utilité publique, qui protège « les immeubles dont la conservation présente, du point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public », et distingue les monuments classés historiques des monuments inscrits. En 1943, un périmètre de protection est appliqué aux abords des monuments, et le corps des Architectes des Bâtiments de France est créé en 1946.
Aujourd’hui, dans les Bouches-du-Rhône, on dénombre au sein des centres historiques :
On totalise ainsi 337 monuments inscrits ou classés dans les centre-villes historiques sur 643 dans l’ensemble des Bouches-du-Rhône, soit plus de la moitié. Sans outil de mise en valeur à plus grande échelle, la politique d’inscription, de classement et de protection des abords, si elle a permis la bonne conservation des monuments malgré les destructions liées aux bombardements et les risques de tabula rasa associés à la reconstruction, a également fortement participé à figer l’évolution des villes historiques au XXe siècle.
La préservation globale de grands ensembles urbains et leur mise en valeur est prise en compte à partir de 1962 avec la loi sur les secteurs sauvegardés qui introduit les PSMV (Plans de Sauvegarde et de Mise en Valeur). Ces plans permettent une idendification et une connaissance approfondie des centres historiques, point de départ d’orientations pour leur développement :
En 1983 les ZPPAUP (Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) sont créées, qui deviennent les AVAP (Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (loi Grenelle – 2010) à partir de 2015, afin que le patrimoine soit un moteur de développement durable des villes.
Les SPR (Sites Patrimoniaux Remarquables) sont créés par la Loi LCAP en 2016 et se substituent à l’ensemble des dispositifs de protection existants, ce qui permet d’identifier 12 SPR sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône :
A ces protections s’ajoutent l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, qui concerne le centre-ville d’Arles, pour ses «Monuments romains et romans», et différentes labéllisations, qui permettent l’attribution de subventions pour la valorisation des villes historiques :
La désignation de Marseille en tant que Capitale Européenne de la Culture 2013 a permis une reconnaissance culturelle de la ville et a impulsé une réelle transformation de l’espace urbain en accord avec la valorisation de son héritage patrimonial. Le projet Euroméditerranée souligne particulièrement la volonté institutionnelle d’identifier la ville à son héritage méditerranéen.
Enfin, les prescriptions en matière d’archéologie préventive accompagnent la transformation urbaine, en encadrant fortement les opérations d’aménagement, tout en permettant d’approfondir la connaissance historique des cœurs de ville lors de la réalisation des fouilles. Les Bouches-du-Rhône ont un nombre élevé de dossiers instruits (855), diagnostics prescrits (104), et fouilles prescrites (12), et un total de 8151 entités archéologiques identifiées, qui soulignent la richesse du patrimoine archéologique du département, tout en démontrant que ses centres historiques sont particulièrement contraints pour la réalisation de travaux dans le cadre d’opérations de renouvellement urbain.
* Pour consulter ensemble des monuments classés et inscrits du département dans le temps : atlas.patrimoines.culture.fr
L’adaptation des centres urbains aux problématiques de la ville post-industrielle et à la métropolisation encouragent des politiques de renouvellement urbain, qui doivent s’atteler, dans un contexte de raréfaction du foncier disponible lié à l’étalement urbain de la fin du XXe siècle, à la résolution de relations complexes entre la pression démographique, les difficultés économiques, le transfert des budgets de l’État aux collectivités territoriales et les tissus anciens obsolètes et sous-utilisés. La volonté de renouvellement se traduit à partir des années 1980 par la mise en place du Programme National de Renouvellement Urbain (2014 : NPNRU) géré par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) permettant la mise en place de contrats de ville et l’identification de quartiers prioritaires, dont certains concernent les villes historiques comme le Quartier Politique de la Ville (QPV) Centre historique-Ferragues de Tarascon et le QPV Centre de Vitrolles. L’ère du “re” s’affirme depuis 2010 : “re”-vitaliser, “ré”-inventer, “re”nouvellement et se traduit dans la mise en place de nombreux programmes et dispositifs : « Action cœur de ville, Réinventons nos cœurs de ville », Petites villes de demain, ambition “Envie de ville”(métropole Aix-Marseille-Provence)… Les enjeux sont transversaux et concernent la dimension commerciale, d’habitat, d’emploi, d’animation, de mobilité, de services, d’équipements, d’aménagement, culturelle…La capacité de renouvellement urbain est cependant limitée par la valeur patrimoniale des sites historiques et la question se pose du mode d’intervention sur le patrimoine urbain existant, pour la mise en place d’orientations visant au développement durable des villes :
La bonne connaissance des centres-villes est indispensable à la mise en place du renouvellement et le patrimoine urbain historicisé, en ce qu’il constitue dans certains cas une référence architecturale écologiquement vertueuse et adaptée au contexte du lieu, peut constituer un appui pour les projets futurs : “La compréhension de ce qui fait la substance de la ville enrichit les projets de transformation”*. Les bases de données sont nombreuses et constituées notamment par les diagnostics et analyses menées dans le cadre de l’élaboration des PSMV, ZPPAUP, AVAP déjà mentionnés auxquels s’ajoutent les PLU et SCoT. Les acteurs locaux mettent également en place des outils permettant la mise en place de nouvelles stratégies de développement urbain, qui nécessitent une connaissance fine permettant de questionner les rapports entre densification, intensification, (lutte contre l’étalement urbain), aération et respiration (risques, nuisances, vulnérabilité au changement climatique)** :
*Le patrimoine urbain, une nouvelle ambition, Regards de l’Agam, 2013
**la typomorphologie, Un outil indispensable à la compréhension du territoire, Regards de l’Agam, 2019
L’enjeu est une notion qui établit les gains et les risques potentiels, d’un point de vue littéral « ce qui est en jeu ». Il s’agit de déterminer la valeur et la qualité de ce qui est en jeu.
Elle est élevée. Les centres-villes historiques font partie des paysages identitaires des Bouches-du-Rhône. Leur nombre et leur importance contribue à la qualité urbaine du département.
Elle est élevée. Les centres-villes historiques concentrent Monuments historiques classés ou inscrits, qui témoignent de l’histoire locale.
Elle est élevée. Les centres-villes historiques sont des paysages urbains agréables, harmonieux, et disposant d’un confort climatique généré par des gabarits de rue ombragés et de nombreux espaces plantés. Ce cadre de vie qualitatif favorise l’appropriation sociale et culturelle, et l’émergence de pratiques actives de l’espace public.
Elle est élevée. L’économie que portent les centres-villes historiques repose sur leur intérêt touristique et l’impact sur le développement d’activités culturelles et de loisirs. Cette attractivité favorise la concentration de commerces, d’équipement, et d’emplois. A l’inverse, certains centre bourgs souffrent de dévitalisation lorsqu’ils sont en concurrence avec des extensions péri-urbaines et le développement de nouvelles polarités excentrées.
Elle est élevée. Les centres-villes historiques constituent des références de modes constructifs traditionnels, adaptés au contexte local et composant avec l’environnement, le climat, la géographie, et les matériaux disponibles. Les tissus denses de bâtiments alignés qui caractérisent les îlots des centres-ville historiques comportent des cœurs d’îlot végétalisés participant à la création d’îlots de fraîcheur en ville.
Facteurs d'évolution | Gains | Pertes |
---|---|---|
La dévitalisation | Banalisation des villes historiques | |
Patrimonialisation | Protection et mise en valeur du patrimoine urbain et des monuments historiques Amélioration de la connaissance des villes historiques | Contrainte pour la transformation urbaine et risque de muséification |
Renouvellement urbain | Développement durable de la ville historique avec opérations visant à améliorer le confort urbain, la qualité du cadre de vie, les fonctionnalités écologiques du tissu urbain. |
• Les objectifs
Dynamiser les centres-villes historiques en travaillant sur leur attractivité commerciale, culturelle et en s’appuyant sur la qualité du cadre de vie, qui fait leur force et qui est le pilier d’un attachement identitaire des habitants du département.
Valoriser le patrimoine bâti et urbain des centres-villes historiques articulant préservation-restauration-réhabilitation-renouvellement-densification-intensification au développement du projet urbain.
Assurer un développement urbain durable en prenant appui sur des principes constructifs traditionnels respectueux du « genius loci« , sur la réintroduction de la nature en ville et des fonctionnalités des trames vertes, bleues et brunes, et sur le développement des mobilités douces.
Limiter l’étalement urbain périphérique extensif participant à la banalisation du paysage urbain, et l’émergence de polarités concurrentes en privilégiant la densification des centres-villes.
• Les leviers d'action
PLU et PLUi, PLH, Sites classés et inscrits, Monuments historiques et immeubles classés et inscrits, PSMV, ZPPAUP, AVAP, synthétisés SPR
Plan de Paysage AMP, Projets Ambition cœur de ville
SCOT : Marseille Provence Métropole / Pays d’Aix / Agglopole Provence Pays d’Aubagne / Pays d’Arles / Ouest étang de Berre
Labels : Ville et Pays d’Art et d’Histoire (Martigues, Marseille, Arles), Unesco (Arles), Architecture contemporaine remarquable, Capitale Européenne de la Culture (Marseille 2013), Qualicities, Smartcities…
OAP QAFU, ORI, OPAH, NPNRU, Contrats de ville et QPV
Démarche « Évolution des formes urbaines » de l’AGAM
ANAH, Délégations d’Aide à la Pierre
Hôtel du Département – 52 avenue de Saint Just, 13 256 Marseille Cedex 20