Un territoire arboricole apprécié pour la typicité de ses restanques, qualifié par la particularité de ses terroirs et reconnu pour ses productions diversifiées et de qualité.
La culture la plus ancienne est celle de l’olivier. À partir du IVe / IIe siècle avant Jésus-Christ, elle est présente aux abords de la cité phocéenne puis s’est progressivement développée jusqu’à connaître son apogée au XVIIIe siècle et durant toute la première moitié du XIXe siècle.
Bien qu’elle ne représente qu’un quart des surfaces arboricoles, l’oléiculture est emblématique du territoire bien qu’ayant des origines lointaines. L’arboriculture fruitière est quant à elle plus récente, même si certaines cultures sont implantées depuis le Moyen-Âge, tel que l’amandier. Les essences cultivées et leur implantation ont évolué au fur et à mesure des progrès techniques. Aujourd’hui, toutes cultures confondues, les vergers (y compris les oliveraies) représentent 12 960 ha*. On note une prédominance de vergers d’abricots, de nectarines et brugnons, de pêches, de pommes, de poires et d’olives.
Ces vergers se répartissent principalement en plaine dans la partie ouest du département et font valoir toute leur diversité au travers de différents terroirs : plaine du Comtat, vallée du Rhône autour de Tarascon, massif des Alpilles, plaine de la Crau, piémont de la chaîne de la Fare, pays d’Aix… Dans la Crau, ils représentent de vastes surfaces, conséquence du développement d’une arboriculture intensive. Ailleurs, les vergers sont souvent organisés en parcelles de taille relativement réduite, imbriquées avec d’autres cultures.
Les cultures arboricoles comme tous les paysages de l’agriculture sont des paysages humanisés qui confèrent au territoire une forte valeur économique (commerce), sociale (convivialité) et paysagère (tourisme, domaines et mas).
C’est un paysage rural permanent que l’on identifie facilement par sa régularité, par ses lignes de force et par la géométrie qu’il impose aux espaces occupés.
*source : Mémento 2020, Agreste.
Appellations d’Origine Contrôlées (AOC) et Appellations d’Origine Protégées (AOP) valorisent et reconnaissent la qualité de la production, d’un savoir-faire et également un territoire géographique dans la considération des paysages, du sol, du climat et du patrimoine.
L’olive des Bouches-du-Rhône
Plusieurs AOC (France) et AOP (Europe) qui désignent le territoire oléicole des Bouches-du-Rhône par des appellations territoriales et leurs singularités géomorphologiques :
- Huile d’olive d’Aix-en-Provence,
- Huile d’olive de Haute Provence,
- Huile d’olive de la vallée des Baux-de-Provence,
- Olives cassées de la vallée des Baux-de-Provence,
- Huile d’olive de Provence.
Plusieurs variétés sont cultivées et font la subtilité des goûts et des saveurs* :
- La Picholine : la plus répandue, aussi bien olive de table que pour la production d’huile.
- L’Aglandaou : une olive de table.
- La Grossanne : olive de table et production d’huile, cultivée dans la vallée des Baux.
- La Salonenque : pour la préparation d’olives cassées et production d’huile, cultivée à Salon-de-Provence.
*source : accopa.com
Les vergers et oliveraies comme paysage patrimonial
La production fruitière est à l’origine de paysages diversifiés, reflets des terroirs et de leur spécificité, mais également de traditions se perpétuant de génération en génération. Les pratiques culturales, et notamment celles des oliveraies traditionnelles, sont porteuses d’un héritage qui marque les paysages et leur confère cette authenticité, à l’image des :
- Restanques : ce sont des murs de soutènement construits en pierre sèche permettant la mise en culture de terrains à forte pente. Elles sont apparues au Moyen-Âge pour faire face à un accroissement de la population et du besoin accru en terres cultivables, prises sur les pentes boisés des massifs. Leurs lignes horizontales redessinent les pentes pour construire ce paysage de terrasses cultivées emblématique de la Provence.
- Haies : qu’elles soient de peupliers ou de cyprès, les haies protègent les cultures fruitières du vent du nord, le mistral, et composent une trame régulière en plaine, celles du Comtat, du Rhône ou de la Crau.
- Canaux d’irrigation : le canal de Craponne, celui de la vallée des Baux, des Alpines… Ces ouvrages font partie du patrimoine historique local. Ils ont permis le développement de vergers irrigués, imbriquant ces éléments identitaires à un nouveau paysage arboricole.
Les cultures arboricoles font ainsi vivre et perdurer les paysages, par les tableaux chromatiques saisonniers des arbres fruitiers, leurs couleurs vives au printemps, les verts tendres l’été et les orangés de l’automne, associés à l’argenté des oliveraies. La structuration des haies brise-vent forme l’armature paysagère.
La lisibilité de ce territoire arboricole s’observe également dans son parcellaire (petites parcelles isolées dans les cuvettes bordées de reliefs, parcelles en lanière dans la plaine du Comtat, surfaces étendues dans les plaines et en particulier celle de la Crau Verte). C’est aussi une occupation du sol, différenciée selon les versants : oliviers en adret, piémonts cultivés d’oliviers et d’amandiers, fruits à noyau en plaine…
Les vergers, espaces de biodiversité ?
Les oliveraies traditionnelles constituent des espaces cultivés qui n’en sont pas moins riches de biodiversité. Les pratiques culturales de ces espaces extensifs favorisent et permettent le maintien d’une richesse faunistique et floristique.
Ces cultures s’accompagnent de plus en plus d’un couvert herbacé constitué de plantes messicoles (les plantes des moissons) et d’adventices divers (les mauvaises herbes des cultures), qui constituent une flore patrimoniale, menacée ou très originale, parfois protégée. Ces espèces se développent grâce au mode d’exploitation des sols et dont les espèces les plus emblématiques sont le coquelicot et le bleuet.
Le besoin de protéger les vergers, et plus généralement les cultures, du mistral qui descend depuis le nord par la vallée du Rhône, a contraint de planter tout un réseau de haies. Ce maillage permet un enrichissement de la biodiversité en constituant pour la faune des lieux de nourrissage, de chasse, de repos, de gîte mais également des corridors de déplacement.
Cependant, des pratiques visant à améliorer la productivité ont entraîné l’arrachage des haies jugées consommatrices de terres cultivables donc productives. L’arboriculture intensive reste, en général, peu propice à l’installation d’une biodiversité.
Après des décennies de pratiques agricoles intensives, les cortèges d’espèces messicoles se sont largement appauvris, et le maillage bocager s’est fortement réduit.
Aujourd’hui, des campagnes de replantation ont été lancées, notamment par le Parc Naturel Régional des Alpilles, plaçant la haie brise-vent comme un élément de patrimoine paysager et écologique.
Le développement d’une agriculture plus raisonnée permet d’espérer aujourd’hui un retour de ces haies.